Discipline TEAM PENNING (1) Histoire & Géographie…
Président de l’Association Française de l’Equitation de Travail
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la discipline Team Penning en quatre parties par Didier Carpentier, Président de l’AFET.
Préambule
Lorsque Marc Bainaud m’a proposé l’écriture d’une rubrique sur le team penning dans NEWESTERN, j’avoue avoir hésité.
La tâche est difficile, et demande un travail important de recherche et de regroupement d’informations, mais « le jeu en vaut la chandelle ». Je n’espère donc, rien de moins, que pouvoir capter votre attention et vous intéresser à la pratique de cette discipline plus que conviviale.
Au fil des pages et des numéros, au travers de conseils, points de vue, portraits d’un certain nombre de spécialistes, vous pourrez vous faire une idée précise de ce qu’est le TP, son histoire, ses règlements, ses techniques, le profil du cavalier et du cheval type, les entraînements, les équipements, le bétail, l’organisation d’un concours, etc.
Je vous souhaite bonne lecture.
Tout d’abord un peu d’histoire.
Elle est plus ou moins connue de tous, mais il n’est pas inutile de la rappeler.
Les colons venant de toute l’Europe arrivent par bateaux sur le continent Nord-américain au début du 19ème siècle. Ils amènent du bétail avec eux et s’implantent dans les régions Sud-Ouest propices à l’élevage. Des bovins et des équins s’y trouvent déjà, échappés des différentes expéditions menées par les conquistadors espagnols au 16ème siècle et sont soit retournés à l’état sauvage (origine du cheval Mustang) soit en partie élevés par les Amérindiens.
Les besoins en viande sont très importants à cette époque dans les régions Nord-Est où les grands pôles industriels sont en train de se développer.
Les lignes ferroviaires existantes ne relient pas encore ces régions, il faut donc regrouper le bétail (round-up) éparpillé parfois sur des milliers de kilomètres, jusqu’à 12 500km², pour le convoyer (drive) jusqu’aux gares d’embarquement, Abilene pour la plus connue.
Les grands propriétaires de l’époque n’ont qu’une seule façon de gérer leurs troupeaux : l’ouvrier agricole monté sur un cheval que l’on nomme vaquero puis ranchero et enfin cowboy.
Le cow-boy utilise un cheval issu de lignées ibériques et arabes qu’il va améliorer au fil des ans pour en faire un cheval polyvalent capable d’une très grande vitesse sur courte distance.
A ce stade, il faut évidemment parler du King Ranch (Texas), créé par un jeune capitaine de steam boat, Richard King, dans les années 1850. Lui et ses descendants sont non seulement à l’origine de la race des chevaux Quarter Horse, mais également les créateurs d’une des plus grandes races bovines pour la viande des USA : la Santa Gertrudis, vache issue du croisement d’un taureau Brahma (Indes) et d’une vache Shorthorn (Grande-Bretagne). Cette race de vache est encore la plus représentative en Australie de nos jours.
Lors des rassemblements de troupeaux pour la transhumance, des jeux équestres sont organisés. Ils sont les ancêtres de nos disciplines actuelles. Le rodear devient rodéo. Le premier rodéo connu, ouvert au public, est organisé à Pecos (Texas) en 1883.
C’est en 1942, durant la pause déjeuner qu’un trio de cowboys : Ray & Joe Yanez et Bill Schwindt ont l’idée de convertir leur travail routinier quotidien consistant à séparer les bouvillons du troupeau qu’ils ont en charge, en une épreuve de compétition afin de montrer à chacun leur savoir-faire équestre.
Le team penning est né.
La première épreuve connue de team penning en compétition a lieu en août 1949 lors de la foire du Comté de Ventura à environ 100 km de Los Angeles (Californie).
Les grandes nations de TEAM PENNING.
Le TP est maintenant pratiqué dans la majeure partie des pays d’élevage de bovins. Le règlement utilisé est basé sur le règlement US, revu et corrigé chaque année pour intégrer l’évolution de la discipline. Certains pays y ont introduit des modifications pour satisfaire des besoins ou des particularités spécifiques au pays.
- USA, la terre natale
Avec un peu moins de 100 000 cavaliers de TP, la discipline est devenue aujourd’hui l’une des plus pratiquées aux USA.
Sans parler des associations de races (AQHA, APHA, APHC) qui sont à citer pour être, entre autres, à la base de l’unification des règlements, chaque état possède ses associations spécialisées dans le travail du bétail. L’United States Team Penning Association (USTPA) créée en 1993 à Fort Worth (Texas) est devenue la référence. De portée nationale et même internationale, puisqu’elle englobe le Canada, elle organise un championnat annuel sur des sites stratégiques comme Denvers (Colorado – National Western Stock), Houston et San Antonio (Texas – Live Stock Show & Rodéo), Port Allen et West Monroe (Louisiane). Le volume d’inscriptions par concours peut aller jusqu’à plus d’une centaine de concurrents par catégorie (plus de mille équipes engagées à Denvers cette année).
- Brésil
Si l’on fait le tour des nations les plus représentatives de la discipline, le Brésil devrait venir en seconde place. Comme les USA, le territoire est vaste et l’élevage de bovins est important, donc naturellement propice au développement des disciplines de bétail. Le King Ranch ayant acheté des terres dans le pays vers les années 1940 pour y élever du QH, la majorité des cavaliers de concours possèdent des chevaux issus de lignée fondation.
Les règlements de base sont modifiés pour favoriser la vitesse d’exécution et il n’est pas rare d’assister à des concours comme à Barretos où l’on peut voir passer plus de trois cent équipes par jour.
- Australie
Autre grande nation de TP, l’Australie possède une multitude d’associations implantées sur tout le territoire et principalement dans les états du Sud-Est.
Une association fédératrice, l’ATP Inc. est créée à Tamworth (Etat de Nouvelle Galles du Sud) en 2007, prenant comme exemple les références de l’USTPA. La plupart des grosses associations y sont maintenant affiliées : quatorze au total en 2011. Elle organise depuis 2010 le championnat national.
- Les autres pays d’Europe
Le TP a, à ma connaissance, une vingtaine d’années de vie en Europe. C’est probablement l’Italie qui a développé le plus vite la discipline. Si l’on considère le volume et le niveau des compétiteurs, on peut dire que c’est la nation la plus représentative du vieux continent.
Les associations italiennes sont réparties d’une façon uniforme entre le Nord et le Sud. L’ETP (Europeen Team Penning – anciennement ITPA) en collaboration avec la FISE (Federazione Italiana Sport Equestri) fédère les plus importantes et organise un championnat annuel national sur 10 manches plus une finale qui a lieu pendant la Fieracavalli à Vérone.
L’Allemagne (German Team Penning Association) et la Hollande (Dutch Team Penning Association) sont inférieures en nombre de compétiteurs mais se situent toujours à un très bon niveau à l’occasion des rencontres internationales.
L’Espagne, partie de quelques cavaliers en 2006, possède actuellement une centaine de compétiteurs répartis dans deux associations principales, l’une à Barcelone (Asociación Española de Equitación de Trabajo Western) et l’autre à Madrid (El Maverick).
La Belgique prend le chemin de l’Espagne. Un fort potentiel existe et des concours d’importance sont maintenant organisés, notamment celui de Tilly, « Les Cowboys Days » en septembre de chaque année.
Le Luxembourg, la Suisse et la Pologne possèdent également des associations et pratiquent la compétition à moindre échelle.
La France
Il y a actuellement environ quatre cent compétiteurs répertoriés à l’échelon national, ce qui nous situe à la seconde place des pays européens en volume de pratiquants.
C’est à Reims en juillet 1995 qu’a eu lieu la première compétition officielle de TP organisée par l’AFQH.
La FCHA (French Cattle Horse Association) fondée en décembre 1997 est la première association à vocation de compétitions « Bétail » et donc TP implantée sur l’hexagone.
Le véritable démarrage de la discipline se situe au début des années 2000 avec la création de la Western Evasion (Jean-Claude Dolfus) en Alsace et de l’AFET en Languedoc Roussillon.
L’AFET, créée en 2002 par Laurent Balembois, puis présidée par Lauris Angélini de 2006 à 2009, a eu une croissance spectaculaire. Elle accueille actuellement environ 200 adhérents-compétiteurs.
Les raisons de cette croissance tiennent en quelques paramètres :
– Le tarif des engagements sur les concours est calculé au plus bas en préservant la garantie d’un bétail de qualité.
– Le développement et le maintien d’un esprit convivial et festif dans le respect de l’éthique « Western ».
– La qualité des installations utilisées, définie dans un cahier des charges précis.
– L’ouverture à tous les cavaliers de cultures équestres de tri de bétail.
La force de l’association tient également dans le fait qu’une équipe permanente de bénévoles motivés contribue à son fonctionnement.
Le taux de départ-arrivée se situe annuellement aux alentours de 10 à 15%. Les nouveaux adhérents sont en majorité débutants en compétition, c’est la raison pour laquelle un certain nombre d’avantages leur sont accordés et ceci afin de faciliter leur incorporation au sein de l’association.
Les départs sont principalement dus à des créations de nouvelles associations et permettent en général à ces compétiteurs de rejoindre leur région de résidence. L’AFET est ainsi à l’origine de la création de quatre associations indépendantes.
Le TP se porte bien en France, pour preuve les associations qui se créent depuis quelques mois, toutes motivées pour promouvoir et développer la discipline dans une optique qualitative et conviviale.
Le TP : Sport ou Jeu ?
Il faut tout d’abord considérer le TP comme un jeu. La raison principale de son succès s’explique par le fait que les cavaliers viennent s’amuser et passer un moment convivial avec leur monture dans un cadre festif.
Pour débuter, très simple, un cheval et un cavalier habitués à travailler ensemble aux trois allures et l’envie de passer un bon moment. Le virus s’attrape vite. Le jeu est facile à comprendre et le plaisir instantané. Les réactions du bétail permettent de renforcer l’esprit d’équipe et le « debriefing » se fait toujours autour d’un verre ou d’une bonne assiette. Une majeure partie des cavaliers de TP sont passés par ce stade.
Un certain nombre de pratiquants continuent dans cette philosophie, et c’est tant mieux.
Certains deviennent par contre très vite motivés pour la compétition.
Cette motivation déclenche tout naturellement le passage du jeu au sport à part entière car ils vont devoir chercher à perfectionner le couple cheval/cavalier dans l’optique de résultats les meilleurs possibles.
Ne manquez pas la suite de Tout savoir sur le Team Penning.
* Association Française d’Equitation de Travail > http://afet-western.com/