Reining FEI European Championship 2013
En terre germanique, à domicile donc, les reiners allemands n’ont rien laissé passer : ni le titre par équipe, ni le titre individuel. Cette double performance, dans un challenge fort relevé, atteste de la qualité du reining teuton. Cela ne peut étonner qui connaît le professionnalisme de nos voisins.
Neuf nations européennes avaient dépêché une équipe en Bavière : Allemagne, Autriche, Belgique, Finlande, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Suisse. On comptait également un cavalier esseulé : l’Espagnol Guillermo Recio sur Leanin Rooster CT. Autant dire que la plupart des grands d’Europe étaient présents. Si tel ou tel manquait à l’appel c’est qu’il n’avait pas le cheval ou la motivation pour s’aligner dans une épreuve plus prestigieuse que lucrative.
And the winner is… l’Allemagne
Le team allemand emmené par Nico Hörmann était composé de Grischa Ludwig 221,5, Sylvia Repzka 194, Alexandre Ripper 221,5, Volker Schmitt 215. Pour la quatrième fois de son histoire d’amour avec le reining, l’équipe allemande s’est adjugé l’or. La squadra azzura avait gravi la plus haute marche en 2011. Cette fois, les Italiens Pierluigi Fabbri (218,5), Mirko Piazzo (211,5), Giuseppe Prevosti (218,5), Massimiliano Ruggieri (218,5) ont dû se contenter de l’argent. C’est le voisin Autrichien (Rudi Kronsteiner 223, Tina Künstner-Mantl 216,5, Martin Müllstätter 215,5) qui complétait ce tiercé. On notera les spécificités de cette dernière équipe : seulement trois cavaliers en lice et le top score.
Héros et héraut de l’excellence allemande : Grischa Ludwig
C’est la grande star d’outre-Rhin, Grischa Ludwig (sa popularité n’a d’égal que son talent) qui, dernier à concourir avec Custom Del Cielo, en signant un pattern 5 très sûr (spécifiquement lors des sliding stops), « payé » 221,5 pts, a offert l’or à son pays. Nico Hörmann, soulignant l’esprit qui n’a cessé d’animer son équipe, a précisé que la concurrence fut « rude ». Manière d’honorer tout à la fois gagnants et perdants.
Les Français n’ont pas démérité et c’est l’essentiel.
Le sélectionneur national Guy Duponchel et la FFE avaient retenu quatre cavaliers. Par équipe, le classement final est déterminé par l’addition des trois meilleurs scores. Cédric Guerreiro et Bastien Bourgeois ont réalisé deux belles prestations. Cédric a en effet signé 219 pts avec Smart Furys Remedy. Bastien pour sa part a déroulé un pattern noté 218 avec ARH Lucky Whiz Dunit, cheval, c’est à noter, produit en France par Sandra Tourret (Artiges Reining Horses). Ces deux bonnes notes cumulées à celle d’Yves Fromont sur Pistolero Bo Sun (209,5) ont permis à la France d’atteindre un total de 646,5 points et… la cinquième place. L’épopée de l’Euro 2013 à Augsburg constitue donc un socle solide sur lequel bâtir un avenir. Les plus verts ont trouvé là un baptême du feu donc une expérience qui sera profitable lors des échéances programmées. Sans doute fut-ce aussi l’occasion de mesurer le chemin qui reste à parcourir pour gravir un échelon dans la hiérarchie mondiale.
D’ores et déjà, et il convient de le souligner, les Français présents en Bavière se sont « cassé la voix » pour supporter les héros Tricolores. Voilà qui prouve que les grandes confrontations sportives internationales peuvent encore susciter de l’enthousiasme au pays de la sinistrose. Allez, les Français, encore un effort… Chantez la Marseillaise quand le drapeau claque au vent de la victoire et que l’hymne retentit. Vive la France.
Résultats par équipe
1> Allemagne 659
2 > Italie 655,5
3 > Autriche 655
4 > Belgique 652
5 > France 646,5
6 > Grande-Bretagne 636
7 > Finlande 627
8 > Pays-Bas 624,5
9 > Suisse 604,5
Pour le titre individuel, nos deux sélectionnés – Bastien Bourgeois et Cédric Guerreiro – ont patienté jusqu’au dimanche pour jouer leur carte face aux détenteurs des 21 meilleurs scores de la compétition par équipe. Dans cette logique, Rudy Kronsteiner, auteur du top score (223 pts) allait passer en dernier. Septième reiner à s’élancer (pattern 10), l’Allemand Volker Schmitt a placé la barre sensiblement plus haut que ses prédécesseurs : 219,5 pts. Huit cavaliers plus tard, l’Italien Pierluigi Fabbri l’a surclassé avec 221 pts. Dans les gradins, nous savions que les reiners à suivre avaient les moyens d’élever plus encore le débat. Malheureusement, pour nos favoris de cœur, ce n’était pas un jour de gloire : Bastien a dû se contenter d’un 208 et Cédric d’un 213,5. Mais c’était quand même bien d’être là.
Cira Baeck et Alexandre Ripper : un duel au sommet
Tout de suite après Cédric, on a vu débouler la sémillante Belge Cira Baeck. Casaque rouge vif, sourire éclatant, détermination absolue, elle nous a fait l’effet d’une comète, scintillante de charme et de puissance. Whao ! Quel pattern ! Avant de connaître l’appréciation des juges, on savait qu’associée à Colonel’s Shining Gun, elle prendrait la tête du concours et qu’il serait difficile de la détrôner. En effet : 224,5 pts. Les géants à suivre, Bernard Fonck (219 pts) et Grischa Ludwig (223) ne parvenaient, nonobstant leur volonté farouche, à la doubler dans la dernière ligne droite. Après l’ultime drag time, il restait rien moins qu’Alexandre Ripper et Rudy Kronsteiner… Allaient-ils trouver les ressources d’un exploit ? Eh oui ! Une nouvelle fois, Alexandre Ripper et son appétit léonin, n’a pas fait de quartiers. Avec son étalon Wild At The Bar, il s’est imposé sur le fil d’un demi point (225). Ainsi, Grischa terminait troisième (223).
Résultats en individuel
1> Alexandre Ripper (Allemagne) 225 pts
2 > Cira Baeck (Belgique) 224,5 pts
3 > Grischa Ludwig (Allemagne) 223 pts
4 > Pierluigi Fabbri (Italie) 221 pts
5 > Volker Schmitt (Allemagne) 219,5 pts
6 > Bernard Fonck (Belgique) 219 pts
7 > Rudi Kronsteiner (Autriche) 217 pts
8 > Massimiliano Ruggeri (Italie) 216,5 pts
9 > Josh Collins (Grande-Bretagne) 216 pts
L’imagination et la rigueur…
Allemands et Français voisinent comme chien et chat… C’est rien de dire qu’ils ont – schématiquement – des sensibilités distinctes… L’intelligence vs la ruse, le sérieux vs l’approximation, le classique vs la fantaisie, le travail vs le loisir, le professionnalisme vs le dilettantisme !!! On pourrait multiplier à l’infini les clichés antagonistes que la facilité prête aux uns et aux autres. Mais les qualités présumées de l’un ne sont rien sans les défauts réels de l’autre et réciproquement. En somme, l’Européen idéal aurait l’imagination du Français et la rigueur de l’Allemand. Mais en attendant l’avènement de cet hybride en forme d’oxymoron, force est d’admettre que la rigueur gagne souvent face à l’imagination.
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