Quand les chevaux faisaient la guerre
Des fouilles archéologiques menées à Bar-sur-Aube ont mis à jour une quarantaine de chevaux de trait, inhumés avec soin, la tête de chaque animal reposant sur le poitrail du précédent. Pourquoi et depuis quand reposent-ils là ?
Ce chantier a été mené en 2013 par une équipe de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) afin de vérifier la présence de la voie d’Agrippa sur ce site préalablement à l’aménagement d’une route nouvelle et d’un lotissement. En effet Bar-sur-Aube est l’antique Segessera, une agglomération gallo-romaine. La voie d’Agrippa est la branche orientale de la voie de l’Océan représentée sur la Table de Peutinger (la carte des routes et villes de l’Empire romain du IVe siècle après JC).
En découvrant les carcasses de chevaux au fond d’une tranchée, les archéologues se sont interrogés.
Guerres napoléoniennes ? Plus précisément la bataille de Bar-sur-Aube contre l’armée de Bohème… Toutefois le plan en zig-zag de la tranchée ne correspond pas à une guerre de mouvement du début du XIXe siècle.
Première guerre mondiale ? Des chevaux blessés auraient été soignés dans un hôpital vétérinaire à proximité puis inhumés dans des tranchées militaires…
Deuxième conflit mondial ? Cette troisième hypothèse est justifiée par plusieurs faits. L’étude des ossements, l’utilisation de tranchées de défense civile mises en place à l’époque, la présence voisine d’un site de réquisition de chevaux par les troupes d’occupation et d’un hôpital vétérinaire allemand. Les chevaux auraient été victimes d’un incendie. Toutefois aucun habitant témoin de cette période ne peut entériner cette version. Le temps a déjà fait son œuvre.
Sur ce site, les fers laissés aux sabots des chevaux entraînés dans une guerre il y a seulement quelques décennies, voisinent avec les fers perdus sur la voie médiévale qui passait là il y a plusieurs siècles. En effet, le but initial des fouilles, qui était de retrouver l’antique voie d’Agrippa, a bien permis d’identifier les fondements de cette voie ainsi que son usage durant tout le Moyen Age grâce à de nombreux fers à cheval arrachés et abandonnés dans de profondes ornières.
Ajoutons que l’Inrap est la plus importante structure de recherche archéologique française et l’une des premières en Europe. Il réalise chaque année quelque 1 500 diagnostics archéologiques et 250 fouilles.
Infos en +… www.inrap.fr
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