Newestern a vu Les Huit Salopards
The Hateful Eight (Les Huit Salopards)… Tel est le titre du huitième film du réalisateur américain Quentin Tarantino.
Au commencement, tout est blanc… Une diligence, tractée par six chevaux fourbus, dessine une trace profonde sur le manteau de neige qui couvre le Wyoming. Le fracas des armes de la Civil War s’est estompé mais il continue à vibrer dans le coeur de ceux qui ont échappé à cette formidable boucherie fratricide.
Dans le stage coach, John Ruth chasseur de primes de son état conduit un gibier de potence enjuponné – Daisy Domergue – à la ville prochaine de Red Rock où il entend la confier au sheriff en échange de dix mille billets verts promis. Au détour de la piste, deux personnages – le major Marquis Warren puis le sheriff Chris Mannix – arrêtent successivement l’équipage et prient le passager de les sauver du froid. C’est ainsi que quatre voyageurs déboulent dans le relais tenu de longue date par Minnie et Dave. Contrairement à ce qu’attendaient les habitués du lieu, les propriétaires sont absents et quatre individus sont réfugiés là dans l’attente que le blizzard rende les armes.
Les personnages sont réunis. Un terrible huis clos commence. Quentin brosse les « characters ». Il a ciselé les dialogues à la pointe acérée d’une dague manichéenne. Qui est bon ? Qui est méchant ? C’est dans les mots que les protagonistes dissimulent leurs desseins. Ils s’observent, s’épient, se toisent. Ils voudraient impressionner, prendre l’ascendant, passer un message, apaiser une fracture, libérer une bile. Une trouble tension s’installe. Chaque geste est lourd de menace, de sens caché. On devine une montée crescendo vers une ultime explosion… Suspens à peine soutenable. On se surprend à retenir son souffle. On s’attend à se prendre une baffe d’ours en pleine tronche…
Et, lors même que l’on est embarqué dans un voyage de plus de trois heures, on ne s’impatiente jamais, piégés que l’on est par l’écriture tarantinesque. Peu à peu, on consent à l’apocalypse qui se prépare. Et on n’est pas déçu.
Ces huit-là sont de convenables salopards… Ils assurent le job. Ils orchestrent les visions du cinéaste génial. Pour le plus grand plaisir des fondus de western. Contrairement à ce qu’on peut lire dans les beaux quartiers, Tarentino n’est pas un réalisateur « intello » réservé aux cinéphiles distingués mais simplement un type intelligent qui comble les authentiques amateurs de culture populaire.
Ne manquez pas le dernier western dont on cause.
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