La recherche en éthologie avance, les chevaux lui disent merci ! Plus loin sur le net…
Voici la suite de l’article publié en pages 70 et 71 de Newestern # 42.
Vous pouvez également accéder ainsi à des liens actifs (livre à télécharger et colloques Ifce en différé).
Mors et dent de loup, une souffrance encore négligée
Responsable de structure équestre, Morgane Pokoïk est aussi dentiste. Une double compétence traduite dans sa thèse de doctorat en chirurgie dentaire : « Troubles du comportement du cheval : implication de la dent de loup ». Son objectif ? Démontrer la réalité des douleurs dues à l’interférence entre dent de loup et mors, inconfort susceptible d’affecter la relation entre cavalier et cheval monté. Certains chevaux sont dotés, en place de la prémolaire supérieure, de cette dent souvent pointue, utile à la préhension des petits fruits dont leurs très lointains ancêtres du cheval se nourrissaient. C’était avant que des changements climatiques n’induisent une évolution de l’alimentation.
Morgane Pokoïk a conduit une étude auprès de 40 chevaux, dont la moitié porteurs d’une dent de loup. Méthode ? Observer en filmant les différences de comportements avec ou sans mors sur divers exercices. Puis extraire la dent de loup et comparer. En résumé, les troubles de comportements (évitements de la douleur et signes d’inconfort) sont quatre fois plus nombreux chez les chevaux avec dent de loup. Un mois après extraction, ces troubles étaient gommés. Conclusion : « La systématisation du dépistage et l’extraction précoce des dents de loup peut être préconisée pour les chevaux montés en mors. » Une opération à pratiquer sous sédation, par un praticien expérimenté et idéalement à domicile pour limiter le stress. Le limage est à bannir, en affectant la pulpe dentaire, il y a risque d’inflammation du nerf.
La « loi travail » du cheval
En 2016, l’OIE (Office international des épizooties) a étendu à ses normes intergouvernementales (180 pays dont la France sont fédérés au sein de cette organisation mondiale de la santé animale) sur le bien-être animal (les fameuses Five Freedoms) un chapitre sur les équidés au travail. En l’occurrence travaux agricoles et transports de personnes, marchandises et matériaux. Sont exclus sports équestres, activités de loisirs, recherche et production de produits biopharmaceutiques. Pas de mise au travail avant deux ans comme pour les juments après 8 mois de gestation et les équidés malades ou blessés, pas plus de 6 heures de tâche quotidienne, pause toutes les deux heures par temps chaud avec abreuvement, recommandations pour que le harnachement prévienne douleur et blessures. Quid des inspecteurs du travail équin ?
Les mesures du bien-être équin
Les Five Freedoms émises par le Farm Animal Welfare Council remontent à 1979. Faim et soif, inconfort, douleurs et maladies, peur ou détresse sont bannis, et l’animal doit être en mesure d’exprimer les mouvements propres à son espèce. Les scientifiques et les professionnels oeuvrant au sein du programme européen Welfare Quality® (axé sur les animaux d’élevage) ont ensuite affiné les mesures en 12 critères. Christine Briant (Ifce / INRA) entend différencier « la bientraitance qui consiste à offrir des conditions d’alimentation ou encore d’hébergement aptes à assurer le bien-être. Lequel dépend de la perception qu’ont les animaux de ces conditions à travers leurs émotions. Cette perception de l’environnement dépend de plusieurs facteurs :
– l’espèce : les équidés ont tendance à fuir devant tout danger,
– le patrimoine génétique : certains traits du comportement sont héritables, comme la peur chez le cheval,
– le tempérament : les 5 dimensions du tempérament définies chez le cheval – la peur, l’activité locomotrice, la sensibilité sensorielle, la grégarité, la relation à l’homme – influencent sa perception de l’environnement,
– l’âge : en vieillissant les chevaux deviennent moins réactifs,
– l’état de santé ou l’état physiologique,
– les expériences passées, selon qu’elles ont eu une issue positive ou négative.
Ainsi, deux équidés dans un environnement identique pourront en avoir deux perceptions différentes et donc un état de bien-être différent. »
Vade-mecum
Concis, efficace et… gratuit. A mettre dans les mains de tous ceux qui approchent un cheval ! Les auteurs de cet ouvrage affichent des références de taille (CNRS et Laboratoire d’Ethologie de l’Université de Rennes 1). Mieux connaître le cheval pour assurer bien-être et sécurité est téléchargeable sur le site de la MSA.
Avec l’Ifce, le meilleur de l’info équine sur vos écrans
L’Institut français du cheval et de l’équitation a vocation à « appuyer la filière dans son développement par la production et le transfert de données techniques et économiques, créatrices de valeurs et de progrès ». De fait, l’Ifce multiplie ouvrages et colloques, il est aisé de lire les premiers et pas simple de se libérer pour assister aux seconds. Ce frein est balayé par la possibilité, soit de suivre en direct et en région (et compris en Suisse) les réunions ou bien encore d’en prendre connaissance en différé et à son rythme sur www.ifce.fr/haras-nationaux/connaissances/ rubrique équi-vod *. Une mine d’informations émanant d’intervenants de haut vol est à portée de clics.
Source : 4ème Journée d’information en Ethologie équine 2017 du jeudi 18 mai 2017 à l’Ecole Nationale d’Equitation de Saumur. Les vidéos de certaines interventions de ce colloque sont accessibles sur le site Ifce.fr (voir plus haut Avec l’Ifce, le meilleur de l’info équine sur vos écrans).
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