Keith Haring à Paris
Avec près de 220 œuvres déployées au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et au Centquatre pour les très grands formats, cette rencontre avec Keith Haring ne se manque pas. Après le 18 août 2013, il sera trop tard.
Fauché par le sida en 1990 à 32 ans, l’artiste américain est emblématique de la culture pop et du New York des années 80. Ultra médiatisé de son vivant, son graphisme lui a survécu dans l’imagerie collective. Ses personnages cernés d’un seul trait bondissent de badges en t-shirts, dont les possesseurs ignorent parfois jusqu’à l’existence de leur créateur… Sous-titrée The political line*, l’exposition aura entre autres mérites, celui d’associer l’œuvre et l’artiste dans l’esprit du plus grand nombre. Autre vertu : un accrochage clair et didactique des nombreux travaux de Keith Haring, souvent de vastes dimensions et porteurs d’un réel dessein. Ses messages et ses alarmes gardent toute leur pertinence (capitalisme, religion exacerbée, pouvoir de l’état contre l’individu, racisme, menace nucléaire…) voire leur anticipation (comme la toute puissance des écrans alors que l’Internet pour tous était à peine en marche).
Dès ses débuts à New York, il entend instiller l’art dans les lieux publics, le mettre à la portée de tous. Il multiplie les techniques inventives : collage de manchettes de journaux placardés sur du mobilier urbain, dessin à la craie et dans l’urgence sur le fond noir des panneaux publicitaires du métro. Habité par ses messages, il trace d’un geste sûr et signifiant. Léger comme un funambule, il aura traversé l’histoire de l’art en proposant sans imposer. La plupart de ses œuvres sont « untitled » : c’est au spectateur de s’approprier son travail. Il privilégie les supports pauvres comme le papier ou la bâche vinyle plutôt que la toile à connotation institutionnelle. Colorée ou juste graphique, spontanée, riche de détails signifiants, l’œuvre de Keith Haring invite à l’observation, à la réflexion, à la communion avec la sensibilité d’un artiste disparu trop jeune.
Infos en +… www.mam.paris.fr
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