Histoire du Quarter Horse… Le meilleur cheval du monde
Cheval exceptionnel, polyvalent, doté d’un mental froid et d’un physique puissant, très rapide sur courte distance et proche de l’homme, il a permis aux Américains d’inventer le Nouveau Monde.
On affirme ici ou là que le cheval est né sur le continent américain. Qu’il était présent bien avant que des hommes s’y installent. Des scientifiques ont relevé des traces qui témoignent de la présence paléontologique de sa famille zoologique il y a cinq cent mille ans. Egalement dit-on qu’il l’aurait quitté (il y a onze mille ans), par là même où les hommes y arrivèrent soit par le détroit de Behring qui relie l’Amérique et l’Asie. Toujours est-il qu’à l’heure du débarquement de Christophe Colomb sur la terra incognita, en 1492, il n’y a pas un seul cheval du Labrador à la Patagonie.
Lors de son second voyage, il introduit 1500 hommes et une vingtaine d’étalons et de poulinières. Pareillement pour toutes les expéditions suivantes. On sait que ces chevaux étaient des andalous. Ce sont ces montures impressionnantes et robustes qui ont aidé Cortès (au Mexique), Pizarro (au Pérou) et leurs conquistadores à subjuguer les empires précolombiens. Certains de ces équidés font souche et épaulent les pionniers. D’autres s’échappent ou, relâchés, retournent à la vie sauvage. Le retour à un mode de vie originel a offert aux équins une formidable opportunité de se régénérer car l’impérative nécessité de survivre dans un milieu hostile les a rendus plus fort.
Par la suite, Français et Britanniques, débarquent avec les chevaux de remontes de leurs armées. A cette époque la quantité prime sur la qualité. Nécessité faisant loi, les éleveurs mélangent les sangs, croisent les races, sélectionnent les origines, sculptent des profils inédits. Ils cherchent surtout à créer des chevaux polyvalents, indispensables pour bâtir un « Nouveau Monde ». On sait, à l’échelle de l’humanité, ce que l’homme doit au cheval. Sans lui, notre Histoire eut été bien différente. A l’échelle des Etats-Unis, son concours apparaît plus déterminant encore.
De leur côté, dès le XVIème siècle, les Amérindiens échangent, achètent, dérobent des chevaux aux colons, capturent (des mustangs), apprennent l’équitation, domestiquent des montures qui vont profondément modifier leur existence. La tribu Chickasaw, basée au Sud Est de l’Union, a créé un type de cheval rustique, compact, trapu, puissant, aimable, polyvalent et très véloce sur courte distance !!!
A l’aube du XVIIIème siècle, les Anglais dénichent en Afrique du nord trois étalons de légende. En couvrant les meilleures poulinières britanniques, Byerly Turk, Darley Arabian et Godolphin Arabian* (1724 – 1753) fondent la race pur-sang qui va améliorer tout ce qui a précédé. Une fois l’Atlantique traversé, les descendants de ces géniteurs d’exception, honorent les juments autochtones et notamment celles de la tribu Chickasaw**. Dans ce temps-là, courses et paris font l’objet d’un large engouement. A défaut d’hippodromes, on aligne les chevaux dans la main street des cités pour des « quarter of a mile race ». On commence alors à distinguer un cheval imbattable sur 400 mètres. Il est la synthèse idéale de petits chevaux autochtones et de grands coursiers du Vieux Continent. On devine la silhouette du QH. Par la suite, ses ancêtres jouent un rôle déterminant dans l’histoire, la grande et les petites : Civil War, guerres indiennes, convoyage du bétail…
On connaît mieux l’avènement du QH dans la période contemporaine. Rappelons simplement que Robert Denhardt a réuni en 1940, à Fort Worth (Texas), les principaux éleveurs. Sa proposition de créer un stud book est approuvée. Il définit alors un standard et fonde l’AQHA (American Quarter Horse Association) pour « enregistrer les chevaux, préserver et améliorer la race, encourager l’élevage, valoriser le QH dans les concours de modèle ou de performance». Wimpy (du King Ranch) gagne le titre de « Grand Champion Quarter Horse Stallion » lors du « South Western Livestock exposition » de 1941. Comme convenu, on lui donne le numéro 1 sur le registre de la race.
67 ans plus tard, l’AQHA, riche de 350 000 membres, gère le plus grand stud book du monde. En janvier 2012, elle a enregistré le 5 millionième QH.
Qualité : polyvalence
Originellement, le QH a pour qualité première la polyvalence. Sélectionné pour le travail du bétail dans les ranchs, il doit faire montre de disponibilité, de réactivité, de rapidité, d’endurance, de fiabilité. Ces qualités physiques et mentales lui permettent d’assurer mille et une tâches.
Le QH de ranch est pour beaucoup un cheval idéal. Aux Etats-Unis, des dresseurs s’appliquent à leur donner une éducation complète qui fait des chevaux qui en bénéficient de véritables 4 X 4, aptes à combler toutes les attentes de leur cavalier.
C’est ce type de cheval que cherche la majorité des cavaliers western français. En effet, il y a aujourd’hui rien moins que 15 000 chevaux américains en France dont 7700 QH. L’immense majorité d’entre eux est affectée à des pratiques de loisir : balades, randonnées, jeux équestres, pratiques traditionnelles avec bétail, compétitions pour amateurs avec enjeux financiers modestes.
La minorité qui s’illustre en compétition est bien sûr beaucoup plus médiatisée (dans nos colonnes notamment).
N’importe, le QH a des qualités physiques et mentales qui le prédisposent à combler toutes les attentes.
* Ce cheval – « le père des galopeurs » – a connu un destin exceptionnel que relate Eugène Sue dans son ouvrage : Vie d’un cheval illustre Godolphin (chez Favre). On apprend notamment qu’il a été offert à notre « bien aimé » roi Louis XV par le Bey de Tunis.
** Subsistent d’authentiques chevaux Chickasaw sur des îles au large de la Virginie.
A lire
> The American Quarter Horse de David R. Stoecklein (voir page 5)
> Le Quarter Horse américain de Marc Soulier (chez Acte Sud)
> NEWESTERN Hors Série (Commandez votre exemplaire pour tout connaître de l’histoire du Quarter Horse de Christophe Colomb à nos jours).