En mémoire de Little Big Horn
C’est une empreinte rouge, indélébile, dans la mémoire de l’homme blanc…
Les Américains se sont comportés avec les habitants du Nouveau Monde comme le capitaine Haddock avec son sparadrap (voir L’Affaire Tournesol). Ils ont tout fait pour s’en débarrasser.
Ainsi quand on découvre de l’or, en 1874, dans les Black Hills (South Dakota), la cupidité des envahisseurs diligente une brute galonnée, George Armstrong Custer, pour récupérer, au mépris des traités signés, les terres sacrées de ces Sioux afin de bientôt les fouiller avidement jusqu’à débusquer la dernière pépite. À la tête du septième de cavalerie (fer de lance de l’armée fédérale), le coeur débordant de haine et d’orgueil, ce soudard s’imagine massacrer sans coup férir une poignée de squaws et de papooses. Mauvaise pioche ! La victoire escomptée se transforme en plus grande défaite que l’armée des États-Unis n’ait jamais subie. L’imbécillité du galonné, ivre de promotion et de gloire à bon marché, a offert à l’intelligence des Amérindiens la plus belle victoire d’un conflit séculaire qui a achevé d’exproprier les légitimes occupants des Amériques.
Une victoire au goût amer
Avant cette funeste issue, le chaman Sitting Bull a su réunir une union sacrée (Red Cloud, Crazy Horse, Gall) pour livrer, le dimanche 25 juin 1876, un combat héroïque au terme duquel plus de 200 tuniques bleues restèrent sur le carreau. Cette défaite a stupéfié l’hubris des Américains inspirée par la Destinée Manifeste (la certitude de disposer d’une onction divine pour imposer aux Natives la prééminence de la civilisation occidentale). Ce succès éclatant n’a pas stoppé l’inéluctable bulldozer étasunien. Little Big Horn fut le chant du cygne des Amérindiens, beau mais fatal.
Une excellente BD
Le champ de bataille est aujourd’hui un des sites les plus visités et cette Histoire fait toujours l’objet d’essais, livres, films, peintures etc… La mythologie de l’Ouest n’en finit pas de remuer les méninges (brainstorming in English). La BD Little Big Horn – signée Giner-Belmonte, Davide Goy et Luca Blengino – est une grande réussite. Graphisme, mises en pages et en couleurs inspirées. Bravo pour le dossier qui, à la fin de l’album, explicite les tenants et les aboutissants de l’affrontement.
PS
Je ne suis pas de ceux qui s’obstinent à juger les défauts d’hier avec des yeux (candides) d’aujourd’hui. Mais hier comme aujourd’hui, G.A. Custer était et reste, tout à la fois un salaud et un idiot. Dès lors, on peut se demander pourquoi outre-Atlantique, il conserve une étrange aura dans l’opinion publique. On n’a toujours besoin d’un petit martyr dans sa mythologie.
Little Big Horn, d’Antoine Giner-Belmonte (dessin), Davide Goy et Luca Blengino (scénario) chez Glénat & Fayard, 56 p., 14,95 euros. Nouvel opus de la Véritable Histoire du Far-West supervisée par l’historien Farid Ameur
A lire également :
Little Bighorn, une bataille dans la mémoire américaine de 1876 à nos jours de Philippe Birembaut aux éditions du Rocher
C’est un beau jour pour mourir de James Welch chez Albin Michel
Laissez un commentaire