Discipline TEAM PENNING (2) Entraînement – Ferrure – Dentition
Discipline d’appel, le team penning, par la simplicité de son règlement, son côté très convivial et les attraits d’un sport d’équipe, attire de plus en plus de nouvelles adhésions. Avantage supplémentaire par rapport aux disciplines de dressage, les règles concernant les embouchures, la tenue des rênes et l’âge des chevaux sont beaucoup plus souples.
C’est principalement pour ces raisons qu’un grand nombre de chevaux d’extérieur (randonnée, balade…) et d’équitation classique se retrouvent sur une carrière de compétition western aujourd’hui.
Nous allons donc traiter ici de quelques points importants qui devraient permettre au néophyte aussi bien qu’au cavalier confirmé, une approche plus précise du cheval de team penning.
Pour ce faire, je remercie : Fred Roux, entraîneur et juge AFET, Dominique Schalck, maréchal-ferrant et président de la FEWB, Bruno François, dentiste équin, d’avoir porté leur contribution à ce numéro.
Tout d’abord et avant d’entrer dans le vif du sujet, il est peut-être bon de rappeler ce qu’est ce sport et quels sont les objectifs à atteindre. En voici la description succincte…
Trois cavaliers constituent une équipe et s’élancent depuis une zone « pen » vers une zone « bétail » où se trouve rassemblé un troupeau de bovins numérotés. Dès le franchissement de la ligne de séparation des deux zones, le chronomètre est déclenché et un numéro de bêtes est appelé. L’équipe doit alors trier les bêtes sélectionnées, le plus vite possible pour les conduire dans le « pen » et finalement demander l’arrêt du temps.
Les deux caractéristiques principales de cette discipline, épreuve de vitesse (pression du chronomètre) et sport d’équipe (solidarité et partage des responsabilités) vont nécessiter un entraînement particulier du couple cavalier/cheval pour permettre d’atteindre le niveau technique désiré.
La définition des objectifs à atteindre doit prendre en compte la capacité d’apprentissage du cheval ainsi que le temps à consacrer pour son travail. Il vous faudra procéder par étape, sans chercher à aller trop vite.
L’optique d’une relation privilégiée avec le cheval tout en garantissant la sécurité du couple doit toujours être prioritaire sur les résultats escomptés.
Plaisir équestre, convivialité et respect de l’éthique sont le leitmotiv qui doit vous accompagner tout au long de votre parcours.
1> l’Entraînement (par Fred Roux)
Analyse
Trier le plus vite possible ne veut pas dire galoper obligatoirement, le TP contrairement au reining n’est pas forcement une épreuve au galop. Il faut insister sur ce fait car beaucoup de cavaliers novices confondent vitesse et précipitation et oublient souvent que le trot est une excellente allure de travail du bétail qui permet au cheval d’apprendre en étant beaucoup plus contrôlable.
Pour exceller dans cet exercice, votre cheval doit posséder toutes les manœuvres western de base que sont la gestion des allures, les arrêts (« stop »), les demi-tours (« roll-back ») et bien sûr, la réactivité, ceci étant la finalité. Un cheval débutant peut très bien ne pas maîtriser encore tout cela et participer au concours si son cavalier a conscience de ses lacunes et si il est là dans une volonté de progresser.
Deux atouts principaux permettent de faire progresser les chevaux tout en étant compétiteur, ce qui est impossible sur les épreuves de dressage sans être disqualifié :
– La possibilité très importante de monter à deux mains : Cet avantage permet de guider son cheval et l’orienter positivement en permanence sans perdre le contact, vous diminuez ainsi très fortement le risque de perdre le cheval lorsqu’il doute. Récupérez les erreurs en le mettant au reculé instantanément lorsqu’il va trop loin par exemple. L’embouchure idéale pour ce travail est un mors de filet classique accompagné d’une muserolle ou d’un noseband. Attention aux martingales ou au bosal qui ne sont pas forcement adaptés pour ce travail car il ne faut pas figer ou trop vouloir contrôler la cession verticale. Un cheval peu expérimenté aura certainement envie de faire demi-tour lorsqu’il sera au milieu d’une trentaine de veaux apeurés qui vont bouger dans tous les sens. Il faut lui laisser voir les bêtes.
– Le fait que cette épreuve est effectuée en équipe permet idéalement de former un cheval sans trop d’expérience puisqu’il peut travailler avec des chevaux expérimentés. Autre avantage, la possibilité de choisir le poste à occuper.
Durant le temps imparti, les trois couples chevaux/cavaliers doivent effectuer trois tâches différentes : trier les veaux, garder le troupeau et pousser les bêtes sélectionnées dans le pen. Le ou les couples qui se chargent de garder le troupeau doivent être expérimentés, le cheval devant maîtriser la vitesse et les pivots pour contenir le troupeau et rattraper les erreurs éventuelles très rapidement. Le ou les couples trieurs, eux, peuvent monter des chevaux moins expérimentés et travailler soit ensemble, un cavalier derrière le veau, le second sur le flanc du veau (solution idéale pour des chevaux débutants) soit chacun d’un côté de la carrière (plutôt conseillé pour des équipes ayant déjà travaillé ensemble).
Si le cheval débute, il est préférable d’occuper la place de pousseur ce qui s’avère plus facile pour un cheval sans expérience. Et enfin, si le cheval a encore peur des vaches, il faudra aborder le troupeau par les côtés, accompagné d’un autre cavalier.
Voilà donc ce que l’on attend de votre cheval. Maintenant, comment doit-il travailler à la maison pour être efficace ?
Le travail
Tout d’abord il faut avoir à l’esprit une chose très importante, la morphologie de votre cheval, son équilibre naturel ainsi que son mental doivent influencer très sérieusement le choix de votre méthode de travail. Le principe doit être le même qu’au rugby où l’on ne demande pas la même chose à un ailier qu’à un deuxième ligne.
Protocole.
Comme précisé précédemment, votre cheval, pour être efficace, doit avant tout maîtriser toutes les manœuvres de base. Ceci s’apprend sur le plat, dans la carrière, le rond de longe ou sur un bout de pré.
Ne pensez pas avoir besoin de bétail pour le moment, votre cheval doit travailler « à vide » jusqu’à ce qu’il maîtrise bien ses fondamentaux.
Partons du principe que votre cheval est correctement monté aux trois allures. Une séance d’1h30 par jour est préférable à une séance de 4 heures par semaine.
Mieux vaut travailler en mors de filet à deux mains et sans artifice. N’utilisez ceux-ci que pour régler un problème lorsqu’il survient.
Menu.
> Détendez votre cheval. Tous les chevaux ont besoin d’être détendus. Marchez un moment, puis trottez un quart d’heure à chaque main. Si lors des premières séances, il a tendance à s’échapper, intervenez un peu sur les rênes, juste pour récupérer votre cheval puis relâchez de même. Si vous le tenez en permanence, plus la vitesse augmentera, plus votre cheval s’appuiera sur le mors et plus il chauffera. Laissez-le aller dans la faute et corrigez calmement.
> Laissez souffler votre cheval 5mn sans lui demander plus que la position arrêtée, rênes longues. S’il bouge, replacez-le sans énervement. Il est très important qu’il apprenne le calme à la maison, sinon, en concours, il deviendra très vite compliqué à contrôler.
> Travaillez l’engagement. Effectuez plusieurs longueurs de reculé pour chauffer les jarrets. Une dizaine de longueurs de la carrière (50m) peuvent être réalisées. Départ doucement puis augmentation de la vitesse à partir du milieu sans tirer sur la bouche pour que la nuque fléchisse, en actionnant vos jambes. Chaque retour doit être impérativement réalisé dans le calme.
> Déliez les muscles au galop. Après quelques minutes de remise en souffle (observez votre cheval, c’est lui qui vous dira de combien de temps il a besoin), prendre le galop (un quart d’heure à chaque main). Apprenez à votre cheval à partir de l’arrêt ou du pas en rentrant les hanches mais oubliez le départ au galop par rupture de trot.
Laissez-le d’abord galoper à son allure pour qu’il délie bien ses membres et son dos puis, petit à petit, demandez de l’engagement en mettant de la pression avec vos jambes, en « aspirant » le cheval avec vos mains jusqu’à ce qu’il monte le dos. Gardez le bout du nez à l’intérieur pour maintenir l’équilibre jusqu’à ce que la foulée soit souple et l’allure lente.
Travaillez éventuellement le galop à faux lorsque votre cheval réagit bien à ces bases.
Terminez par une période de remise en souffle.
> Travail spécifique au bétail. L’arrêt roll-back. Après une heure de travail ponctuée de trois périodes de repos votre cheval doit être détendu.
L’arrêt roll-back est la manœuvre la plus importante dans le travail du bétail (en working cow cette manœuvre s’appelle le « turn »).
Rappel : le cheval est toujours à deux mains.
– Mettre le cheval en avant le long de la barrière (fence) de la carrière ou du rond en imaginant qu’il y a une vache entre le cheval et la barrière. Très important : le bout du nez du cheval est côté veau.
– Demandez le stop : voix, assiette, une main, celle côté barrière, jambe extérieure qui maintient les hanches et qui va donner de l’impulsion, jambe intérieure (côté barrière) à la sangle pour ne pas laisser le cheval tourner avant de stopper.
– Engagez de suite dans le reculé, accentuez la pression des jambes, poids du corps en avant, le cheval doit reculer, son bout du nez toujours côté veau. Dès qu’il engage fort, ouvrez la jambe intérieure vers l’arrière, poids du corps sur l’épaule opposée, ainsi que la rêne intérieure et laissez tourner le cheval.
– S’il prend de la vitesse en sortant de son roll-back, laissez-le faire, revenez calmement au pas, réorientez le nez côté barrière en levant la main intérieure puis recommencez pendant une dizaine de minutes.
Conseils
Si votre cheval ne maîtrise pas tous ces mouvements, ne vous énervez pas et travaillez-les à part.
Par exemple, s’il s’appuie sur votre jambe extérieure, mettez-le au pas de côté puis petit à petit, au fil des séances, aux appuyers jusqu’à ce qu’il les maîtrise au moins au pas.
Pour avoir un cheval de TP correct, il est vraiment important de maîtriser ce « turn ».
Au début, travaillez au trot, le cheval devrait y prendre goût, ne travaillez au galop que sur un cheval qui a plusieurs mois de travail.
Au trot, le cheval stoppe mieux, il fatigue moins, ses épaules sont mieux déliées. Ne prenez le galop au « fence » que lorsque vous sentez que votre cheval veut jouer même sans la vache et qu’il veut de plein gré « rentrer » dans ses stops.
Rappelez-vous le grand avantage du TP cité au début : montez à deux mains, rênes très courtes, les mains ouvertes de chaque côté de l’encolure de votre cheval pour bien l’encadrer. Orientez son bout du nez impérativement côté veau pour contrôler sa vitesse et pour qu’il ne s’écroule pas dans les vaches dans l’avenir (c’est la faute la plus répandue en TP) et enfin travaillez en visualisant un veau, votre cheval comprendra.
Cette manœuvre est la plus importante dans les épreuves de bétail. En TP comme en cutting ou en working-cow, votre cheval doit tenir ses épaules lorsqu’il est en flexion latérale, c’est un des premiers mouvements que je travaille sur les poulains.
Si vous n’y arrivez pas monté, retravaillez au sol avec votre longe latérale ou aux longues rênes. C’est ce mouvement qui vous évitera de travailler avec votre rêne extérieure qui a pour conséquence de faire quitter votre cheval de son travail, tenez-le avec vos jambes qui doivent plus vous servir à tenir l’équilibre de votre cheval qu’à le mettre en avant.
Réfléchissez à ce mouvement. Contrairement au cutting, on peut travailler en montant sur les vaches. C’est même souhaitable si l’on veut gagner du temps. Mais votre cheval doit être capable de tourner sur ses hanches sans monter lors de la phase de tri justement pour ne pas faire monter plusieurs vaches.
Dans le cas où il ne maîtrise pas ce mouvement, mettez le en position de pousseur derrière la vache et demandez l’aide d’un partenaire en latéral.
Une autre erreur très fréquente en TP : les cavaliers ont souvent tendance à mettre beaucoup de pression sur la vache dès qu’elle est isolée pour pouvoir évidemment gagner quelques secondes. Cependant nombre de chevaux moyens qui se retrouvent très près de la vache sont très vite en difficulté car plus vous êtes près, moins vous disposez de temps de réaction et l’on voit souvent des vaches réaliser de très bons stop-roll-back alors que les cavaliers continuent irrémédiablement sur leur lancée !
Contrairement au working-cow vous n’êtes pas jugé sur le fait de provoquer le mouvement de la vache, donc votre distance dépend encore une fois de votre niveau. Si vous débutez, gardez une distance de sécurité de façon à bien lire votre vache et faciliter le travail de votre cheval. Rappelez-vous que les gagnants sont d’abord ceux qui rentrent le plus de vaches.
2> la Ferrure (par Dominique Schalck)
Dans un premier temps, j’aimerais insister sur le fait que toutes les ferrures ont un même but, celui de préserver de l’usure et corriger d’une certaine mesure les aplombs. Pour cela il est important qu’elles soient bien effectuées et surtout renouvelées dans des délais raisonnables.
Une des pires choses que vous puissiez infliger à votre cheval est de ne pas respecter ce délai. Inévitablement le pied en souffrira, il sortira de sa balance, ayant pour effet l’écrasement des talons et un déroulé de sabot qui sera handicapé par une pince trop longue. Les conséquences se répercuteront inévitablement sur les tendons, ligaments et articulations.
Mais parlons plus précisément de la ferrure de team penning qui à la base est une épreuve de vitesse.
Je dirais que la ferrure idéale sera en fonction de l’entraînement et du terrain sur lequel celui-ci est pratiqué, mais devra s’orienter vers une souhaitable légèreté. Le poids étant le facteur le plus indésirable pour toute épreuve de vitesse.
Partons du principe que le cavalier dispose d’une carrière avec un bon sol. Dès lors, nous pouvons équiper le cheval avec des fers type américain, c’est-à-dire sans pinçon aux antérieurs avec une couverture de 18 et une épaisseur de 8 mm. Certaines de nos montures pour encore accentuer davantage cette légèreté, peuvent être équipées de fers en aluminium, pour ceux qui s’entraînent sur de bons sols. Des fers en plastique très amortissants mais quand même légers seront privilégiés pour les autres. Aux postérieurs, il existe aujourd’hui sur le marché de la chaussure équine, un fer très adapté au team penning. Il possède une couverture plus importante en pince et en talon avec des branches plus amincies. Cela permet d’avoir la distance de glisse nécessaire sur un stop, tout en gardant l’adhérence dans les manœuvres. Il est bien de poser ce fer avec très peu d’engagement sur le sabot, en laissant les éponges dépasser des talons pour apporter, tel un fer de glisse un bon soutien de ceux-ci lors de l’engagement des postérieurs.
Voilà pour la ferrure de compétition. En revanche dans la phase d’entraînement, il n’est pas rare de voir des chevaux ferrés avec des fers de trotteurs en demi rond sur les antérieurs pour pallier la maladresse des poulains et limiter les blessures en cas de chocs dans les déplacements latéraux ou en phase de préparation aux spins. Aux postérieurs, pour faciliter l’engagement dans le stop ainsi que le temps de glisse, des fers appropriés à cet effet peuvent être posés. Ils aideront également à préserver la bonne santé des jarrets.
En fonction des sols et de la qualité de la corne de votre cheval, si dans la phase de préparation celle-ci peut se faire pieds nus cela me semble préférable. En revanche n’hésitez pas à faire ferrer si votre cheval commence à se retenir dans sa motion en avant, cela peut signifier une usure trop importante des sabots !
Gardons à l’esprit que le ferrage est un mal nécessaire. Ces paroles ne sont pas les miennes mais celles des hommes qui, à une époque ont pu gagner des guerres grâce à ce qu’aujourd’hui nous appelons un porte-bonheur.
3> la Dentition (par Bruno François)
Que ce soit en TP ou dans l’ensemble des disciplines, les soins dentaires ont une importance capitale.
Dans la discipline qui nous intéresse, il est important de souligner que même si les actions ne se font pas principalement par l’intermédiaire de la bouche, le cheval ne doit souffrir d’aucune gène dans la cavité afin d’assurer des incurvations rapides, souples et sans défense, des arrêts rapides, roll-back….
La principale cause de manque de souplesse est la présence de surdents liée à la poussée dentaire (entre 2 et 4 mm / an). L’équidé ne peut naturellement niveler sa denture par la mastication par exemple et de fait ces irrégularités dentaires viennent en contact avec les tissus mous (joues pour le maxillaire et langue pour la mandibule).
Lors d’une action latérale, ces pointes dentaires, aiguisées comme des lames de rasoir, vont lacérer les tissus car les montants du filet ou mouvement de tête, vont venir plaquer les joues entre autres, sur ces pointes dentaires. Très souvent le cheval va fuir cette pression avec un port de tête opposé, syndrome du « head shaking », un encensement, tourner en déséquilibre voire ne pas tourner du tout. Une erreur fréquente est de mettre en place des artifices afin de canaliser ces réactions (tie-down par exemple), qui ne sont qu’une manifestation de soustraction à une douleur.
D’autres malocclusions peuvent également interférer, comme une denture en vague, denture en escalier, absence dentaire, présence de dents de loup ou de cochon, dent surnuméraire, rampes, dents lactéales persistantes, etc…avec un large panel de répercutions sur l’assimilation de la nourriture, des blocages récurrents au niveau des mâchoires, cervicales ou dorsales et sur l’état psychologique du sujet, au même titre que chez l’humain.
La bouche des équidés est la partie la plus innervée, et de fait des névralgies peuvent trouver leur siège dans l’ensemble de la cavité, par exemple douleur au niveau de la partie supérieure du crâne provenant de douleurs au niveau de la barre.
Par ailleurs, l’embouchure doit être adaptée à la conformation de la cavité buccale (cheval serré dans sa bouche, palais affleurant…). Pour résumer, un cheval suivi régulièrement en dentisterie et ostéopathie (les 2 sont intimement liées), donnera satisfaction et ceci dans le calme, le confort et surtout sans souffrance.
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