Des clefs pour ouvrir la complexité américaine
Agnès Delahaye, professeure d’histoire et de civilisation américaine à l’université de Lyon, spécialiste de la notion de colonie de peuplement, explicite trois temps forts de l’histoire américaine dont les échos demeurent tonitruants.
Chaque pays met en exergue les héros, les mythes et les symboles identitaires de son roman national. Pour donner un surplus de fierté au bon peuple, l’histoire officielle, toujours écrite par les vainqueurs des controverses, édulcore les faiblesses et enjolive les réussites. Partant, il arrive – souvent – que les thuriféraires bousculent l’exactitude historique. Dans cet exercice, nos amis américains se révèlent experts.
Il est vrai que leur grand pays, fondé sur de sombres abominations (génocide, esclavage…), a bien besoin de redorer son blouson (un teddy pour sûr). En conséquence, point n’est aisé de distinguer ce qui relève de l’histoire de ce qui appartient à la (fameuse) légende… choisie et imprimée.
Agnès Delahaye nous guide et nous permet de distinguer, derrière le trompe-l’œil, les tenants et les aboutissants de la création du Nouveau Monde.
Les mythes du Nouveau Monde
Elle s’attache spécifiquement à décoder trois jalons majeurs de l’histoire américaine au 17ème siècle… L’épopée du capitaine John Smith (1580-1631) et de sa copine Pocahontas (1595-1617), fille du chef des Powhatan. Les mythes, oh combien fondamentaux, du Mayflower, des Pilgrim fathers (les fondateurs de la démocratie étasunienne), de Thanksgiving. Les puritains de la Compagnie de la baie du Massachussetts en quête de liberté et, en même temps, de pureté.
Peu à peu apparaissent les ressorts de ceux qui fuirent l’Europe pour tenter une deuxième chance sur une terre promise. Chacun sait que ce ne fut pas si simple et que la liberté, aussi belle et attirante soit-elle, pose parfois autant de problèmes qu’elle en résout.
En ces heures cruciales (sur fond d’élections présidentielles de 2024) on trouve dans Aventuriers, pèlerins, puritains – les Mythes fondateurs de l’Amérique par Agnès Delahaye – chez Passés / Composés – des clefs pour comprendre pourquoi, quelque 400 ans plus tard, le racisme et la violence, restent si prégnants dans la société d’Harris et de Trump. Des taches subsistent sur ce nouveau monde qui se voulait, sinon pur, à tout le moins idéal.
Entendons-nous ! Le propos n’est pas de savoir si le modèle américain est préférable ou pas à son homologue français. Tout dépend de l’idée que l’on s’en fait par rapport à l’endroit où l’on se place. La France aide les vieux, pauvres, malades à manger, se loger, se soigner. Les jeunes, plein d’énergie et de confiance en eux, capables de vendre et se vendre, aident les USA à demeurer au top dans la mondialisation néolibérale.
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