Ambassadrice du vintage made in USA…
Ce n’est certainement pas la version de la culture américaine la plus connue sur le vieux continent. Et pourtant, côté mobilier et pièces décoratives, les designers ont fait preuve outre-Atlantique, dans un passé proche, d’une créativité étonnante dont Véronique Lyon s’est fait l’ambassadrice en France. Avis aux amateurs de vintage.
Guidée par sa curiosité et son goût des US, Véronique Lyon s’est forgée une véritable maîtrise en termes de création mobilière et décorative. Sa période de référence se déploie de 1950 aux années 70. Professionnelle de l’antiquité, elle a pignon sur rue depuis bientôt 20 ans, d’abord dans le Marais à Paris et depuis 12 ans au Marché Paul-Bert des Puces de Saint-Ouen. Puriste, elle ne vend que des pièces d’époque, jamais de rééditions.
Si elle fait œuvre de pionnière, voire d’initiatrice dans son pays, en revanche, le marché de l’antiquité aux Etats-Unis affiche une connaissance et une maturité remarquables sur cette période, et les cotes des pièces s’envolent. L’appréciation des Français est assez logiquement en décalage par rapport aux amateurs américains. Toutefois le rattrapage est programmé… En attendant, Véronique Lyon jongle avec subtilité entre des prix forts d’un côté de l’Océan et un public en phase d’apprentissage de l’autre. « Certes, il y a une prise de risque mais mon métier est d’abord de donner envie et d’expliquer ! Le rapport qualité/prix est là et l’œil de mes compatriotes est prêt à recevoir les esthétiques de ces pièces. Ils se sont peu à peu appropriés les créations de Charles et Ray Eames ou de George Nelson, grâce notamment aux rééditions de Vitra. » Une introduction – de haut vol certes – avant de se plonger dans l’explosion créative du design US de ces années-là. « Finalement à la taille du pays et représentative d’un vrai melting-pot d’inspirations avec des designers venus du Japon, d’Europe ou encore de Scandinavie… Une créativité soutenue à l’époque – et c’est un point important – par beaucoup d’éditeurs qui osèrent mettre les moyens nécessaires à la diffusion de ces œuvres, même si certaines le furent en tirage limité, source d’ailleurs de valorisation. » Ces œuvres furent réalisées à partir d’une extrême variété de matériaux, notamment des essences précieuses venues d’Amérique du Sud pour les manufactures voisinant les ports. Le noyer d’Amérique fut beaucoup usité. Ces bois conférant aux meubles une valeur intrinsèque voire intemporelle. Pour sa part, Paul Evans travailla en virtuose le métal repoussé (chrome, laiton…), à la clé, un mobilier aux formes atypiques. Les luminaires recueillirent les fruits des imaginations les plus débridées… Preuve du foisonnement créatif de cette époque, aucune tendance majeure ne prend le pas sur les autres. Ainsi, Milo Baughman signa des sièges aux lignes épurées.
Pour Véronique Lyon, la première approche de l’American way of life remonte à un séjour à Hawaï où, toute jeune fille, elle réalise son rêve de surfeuse … Elle se laisse d’abord séduire par les formes généreuses et colorées emblématiques des fifties, véhiculées notamment par les juxe box. Très vite elle aiguise son regard vers un design plus pur, investiguant entre ventes aux enchères, marchands et amateurs. Ces années « d’entraînement » sur le terrain lui ont permis de se constituer un véritable réseau. Ainsi quand elle débarque à Chicago – son camp de base – elle optimise ses quelques semaines de chine intensive. Elle sillonne Indiana, Illinois, Wisconsin – un périmètre plus que conséquent – pour débusquer des « trésors » avant de les embarquer dans son camion puis en container… Chaque pièce a ainsi son histoire qu’elle raconte avec enthousiasme à ses clients.
Et ne lui dites pas que la parité euro/dollar doit être source de bonnes affaires… Quand l’export est au plus fort, le prix des containers s’envole !
Ce printemps 2013, les marchés Paul-Bert et Serpette, respectivement 250 et 150 stands, proposent une exposition baptisée Jardins à la Française dans la Galerie des Puces à Saint-Ouen. Leur manière à eux de célébrer l’anniversaire des 400 ans de la naissance d’André Le Nôtre, le jardinier du Roi Soleil. Chinée parmi l’offre des marchands, une sélection d’une centaine de pièces illustre l’art de vivre au jardin, mobilier, jardinières, tableaux, sculptures… Occasion de découvrir des pièces US vintage proposées par Véronique Lyon.
Infos en +… Exposition Jardins à la Française – 18 mai au 29 juillet 2013 – www.paulbert-serpette.com – www.marcheserpette.com
Lyon’s Company – stand 89 – allée 6 – Marché Paul-Bert