Discipline TEAM PENNING (4) Organiser un concours dans les règles de l’art
Il y a désormais en France plusieurs associations qui organisent des challenges et des concours de team penning. La réussite (à tous points de vue) d’une compétition dépend du respect scrupuleux de critères de qualité.On estime à environ 95 000 le nombre de cavaliers de TP en Amérique du Nord. Les associations sont donc nombreuses et les règles peuvent différer de l’une à l’autre, voire d’un état à un autre.
Depuis sa création en 1993, l’USTPA (United States TP Association – siège social au Texas) ne cesse de prendre de l’importance et est aujourd’hui la référence incontournable dans le domaine.
Ses règles, initialement basées sur le Rules Book de l’AQHA, n’ont cessé de s’ajuster pour prendre en compte l’évolution des chevaux, des cavaliers et la sécurité du bétail. Globalement, elles se veulent simples et conviviales pour permettre à un maximum de cavaliers de tout âge de s’amuser en toute sécurité et c’est la raison du succès grandissant du TP.
Le principe en est simple : trier 3 bêtes et les mettre en enclos le plus vite possible dans le respect du bétail et des chevaux. Des modifications et améliorations ont petit à petit été apportées sur des points précis permettant à la fois d’augmenter le niveau de difficulté mais également de préserver le bétail.
En France, l’AFET, lors de sa création, s’est basé sur le règlement de l’USTPA pour établir, dans un premier temps, des règles plus souples et donc mieux adaptées au niveau des cavaliers de cette époque pour ensuite suivre l’évolution nord américaine avec un léger décalage d’un voire deux ans.
Un travail mené depuis quelques années avec les principales associations françaises de la discipline a permis d’uniformiser un règlement à l’échelon national.
Voici les grandes évolutions et caractéristiques du règlement français depuis 2003 jusqu’à aujourd’hui et les quelques petites différences avec le règlement de l’USTPA :
Les catégories
Les youth et open initialement créées ont été enrichies par les catégories :
Mini youth réservée aux cavaliers jusqu’à 12 ans.
Beginner (Green en Alsace) réservée aux débutants.
Limited open interdite aux cavaliers performants.
Aux USA, du fait du nombre important de compétiteurs, les classes (catégories) sont beaucoup plus nombreuses et variées (une dizaine de classes différentes). Des règles spécifiques sont définies dans les classes pour cibler précisément la valeur de chaque participant. Un accent important est mis sur l’acquisition de compétences. Un exemple intéressant : dans la classe junior youth (qui correspond à notre catégorie mini youth) un cavalier adulte possédant un niveau de handicap conséquent doit obligatoirement faire partie de l’équipe engagée dans cette classe.
Les handicaps
Les catégories nécessitaient donc la création d’une échelle de force des cavaliers en présence. Comme dans tous les autres pays pratiquant la discipline, sept niveaux de handicaps ont donc été créés, du débutant (N1) au leader (N7).
Le calcul du niveau de handicap, initialement défini par le conseil d’administration, s’effectue aujourd’hui au travers d’une formule mathématique en fonction des résultats de l’année, -1 pour une application sur l’année en cours. Les nouveaux cavaliers se voient octroyés du plus faible niveau (N1) réajusté, si nécessaire, après leur participation au premier concours.
Un compétiteur ne peut monter que d’un niveau par année, en revanche il lui faudra deux années de mauvais résultats pour redescendre d’un niveau.
Tous les compétiteurs français sont répertoriés sur le même principe. Cette échelle de valeur, utilisée lors de nos rencontres nationales, n’est pas applicable pour nos déplacements à l’étranger. La raison en est que chaque pays (l’Italie et l’Espagne par exemple), établit sa propre échelle de handicaps en fonction de critères différents basés principalement sur le nombre de compétiteurs et sur l’ancienneté de la discipline.
Si l’on prend les deux exemples cités ci-dessus, l’Italie, première nation européenne de TP compte environ trois fois plus de compétiteurs que la France. La discipline existe depuis une quinzaine d’années. Sur leur échelle de handicaps 1 à 7, un niveau 6 correspond à notre niveau 7.
En Espagne, avec deux fois moins de compétiteurs qu’en France et une discipline introduite depuis 7 ans, un niveau 6 correspond à notre niveau 5.
Cette différence aura bien sûr tendance à s’uniformiser dans les années futures.
Le temps alloué
Initialement à 2 minutes (mn), le temps alloué a été réduit à 1 mn 30 pour toutes les catégories exceptée la catégorie open. Le fait de diminuer le temps d’exécution permet de moins fatiguer le bétail. Le temps imparti pour la classe open est maintenant en phase avec la plupart des grands pays de TP, ce qui permet à nos meilleurs cavaliers de pouvoir travailler dans des conditions de compétition internationale (les temps moyens de la classe open – entre 35 et 45 secondes (s) – sont quasiment identiques à l’Italie en regard du bétail utilisé).
L’USTPA alloue 60 s pour toutes les classes mais permet dans certaines conditions dites de « Promotion » une allocation de 75 s.
La ligne de délimitation des zones
Ce point de règlement a également beaucoup évolué depuis quelques années.
La zone bétail a été progressivement diminuée. La ligne de délimitation des zones est en effet passée de 40-60% à 30-35% aujourd’hui. Sur une carrière de 70 mètres (m), la zone possible de tri du bétail est passée d’environ 40 à 21 m.
Le nombre de bêtes acceptées à franchir la ligne est resté jusqu’à présent de 4, bons ou mauvais numéros. C’est pour l’instant la différence la plus importante par rapport à l’USTPA. Elle a en effet modifié ce point de règlement cette année pour contraindre les compétiteurs à ne plus laisser passer que trois bêtes dont une avec un mauvais numéro.
A priori, le bétail que nous utilisons dans l’Hexagone semble dans l’ensemble plus vif à travailler. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas encore adopté ce point de règlement en France.
Autre modification importante, tous les cavaliers doivent maintenant se trouver dans la zone Pen lors de la demande d’arrêt du temps.
Le Pen
Jusqu’en 2011, une mauvaise bête était tolérée dans le pen et un cavalier pouvait pénétrer dans l’enclos pour la faire ressortir. Depuis cette année, une mauvaise bête dans le pen est éliminatoire pour l’équipe.
Autre grand sujet à modifications, l’entrée du cavalier pour l’arrêt du temps.
Très attentif à la préservation du bétail, la règle initiale limitait le cavalier à ne faire entrer son cheval dans le pen que jusqu’au niveau de ses postérieurs. L’expérience a démontré la complexité de cette règle et les possibles polémiques qu’elle engendrait avec les juges.
La règle est maintenant beaucoup simple. Le ou les cavaliers peuvent entrer complètement dans le pen à condition que le bétail se trouvant à l’intérieur ne déforme pas les barrières de l’enclos.
La demande d’arrêt du temps s’effectue toujours en levant la main. Certaines associations qui utilisent un chronomètre électronique se servent de « Buzzers ». Dans ce cas, le système est installé de part et d’autre de l’entrée du pen et c’est le cavalier qui arrête lui-même le temps. Cette technique est utilisée en Alsace et en Allemagne.
Règlement USTPA 2012 disponible à l’adresse : http://www.ustpa.com/attachments/2012MemberHandookWeb.pdf
Règlement AFET 2012 disponible à l’adresse :
http://afet-western.com/reglement.html
Comment organiser un concours de TP dans les règles de l’art
Principe
L’organisation d’un concours de TP doit respecter un certain nombre de critères importants.
> Sécurité des cavaliers, du bétail et du public. Tout doit être mis en œuvre pour qu’en aucun cas un de ces intervenants soit mis en situation délicate. Il est donc primordial de séparer matériellement les 3 zones. Il vous faudra également prévoir la présence ou la mise à disposition des coordonnées d’un vétérinaire, d’un maréchal ferrant et de moyens de secours (médecin, pompiers ou Samu).
> Respect de l’éthique équestre et en particulier de l’EW. Le règlement doit être connu de tous et appliqué du début à la fin de la manifestation. L’esprit sportif doit dans tous les cas être de mise. Ne pas oublier que pour le public (qui n’est pas forcément connaisseur), le comportement des cavaliers jouera beaucoup sur l’opinion qu’il se fera d’un COWBOY et cette image, si elle est négative, renforcera sa première impression préconçue du « Bad Boy » buveur et bagarreur qu’il a pu voir dans les films des années 50. C’est donc de la responsabilité de l’organisateur de veiller au respect de cette règle.
> Convivialité. C’est la clé d’un concours réussi. L’ambiance générale doit être amicale, voire familiale. Elle commence par l’accueil des compétiteurs et de leurs accompagnants et se termine à leur départ de vos installations. Dans la mesure de vos possibilités, soyez attentif à leurs besoins et contraintes.
La restauration prend une très grande place dans l’organisation d’un concours. Il vous faut prévoir de quoi contenter les estomacs pendant toute cette période. Une buvette doit donc être installée et proposer boire et manger pour tous. Prévoyez une collation la veille du début du concours (un certain nombre de cavaliers préfèrent s’installer sur place la veille). Si le concours dure deux jours, comme c’est le cas la plupart du temps, prévoyez un repas plus conséquent le soir du premier jour. Cette soirée doit être un moment privilégié. On s’y retrouve autour d’un verre puis à table pour commenter les prestations de la journée, échanger les techniques, parler des projets futurs, etc.. Par expérience, je peux vous dire que la majorité des personnes présentes sur le concours y participe à partir du moment où le tarif du repas n’est pas prohibitif.
Si possible, sur les formulaires d’engagements, prévoyez une case permettant de réserver le repas, cela vous permettra d’avoir une idée de la quantité de convives et donc vous faciliter l’achat des matières premières.
Dans la mesure de vos possibilités matérielles et humaines, vous pouvez proposer un petit déjeuner « Old West » le matin du deuxième jour avec café et grillades ou autres « tripes ». Cette pratique est particulièrement appréciée lors des concours ayant lieu hors saison.
Les informations et engagements
L’information concernant la date, le lieu et le contenu de votre concours doit être effectuée relativement en amont. Faites figurer la demande de réservation repas et box et n’oubliez pas de mentionner un contact téléphonique pour d’éventuels compléments d’information. Tous les supports de communication sont possibles : presse, internet et autres réseaux sociaux. Un affichage vous permettra également d’informer un éventuel public local et/ou régional de votre manifestation.
La réalisation de fiches d’inscriptions est fortement recommandée. Envoyées ou mises à la disposition des cavaliers, elles vous permettront, une fois remplies, de préparer le tirage au sort, les listes de passage et le suivi du paiement des engagements. Un archivage vous permettra également une information sur un futur concours. Mettez-les à disposition environ 1 mois avant la date du concours avec une date de clôture à J-7. Ceci est important car elles conditionnent deux choses :
– Le nombre de bêtes que vous allez devoir utiliser, donc peut-être louer. Dans ce cas, le loueur de bétail doit connaître suffisamment tôt la quantité à vous fournir pour pouvoir préparer le transport.
– Le nombre de box à louer dans le cas où vous n’avez pas ou pas assez de box disponibles.
Installations
Accès
L’accès à vos installations doit être suffisamment large et haut pour pouvoir faire passer les véhicules tractés ainsi que l’éventuel camion du loueur de bétail. Une signalétique efficace doit être apposée aux endroits stratégiques (carrefour, changement de direction), surtout si vous débutez l’organisation de concours ou si vos installations sont éloignées d’un réseau routier connu.
Parking
Un parking permettant le garage des voitures, vans et camions doit être implanté. Du fait de l’aller et venue des véhicules des compétiteurs tout au long du concours, il est préconisé qu’il ne soit pas très éloigné des box, ceci afin de faciliter le transfert des équipements et l’alimentation des chevaux.
Paddock et camping
Le budget « Concours » est important, des raisons techniques peuvent également contraindre à rester sur place. Il est donc de bon ton de mettre à disposition des cavaliers qui le désirent une zone leur permettant d’installer un paddock et de quoi camper. Dans tous les cas prévoyez des sanitaires et des points d’eau.
Carrière
Les dimensions idéales de la carrière sont de 60×30 m. Le sol doit être souple, porteur mais non glissant. La plupart des carrières sont maintenant recouvertes de sable. L’épaisseur correcte est d’environ 10 cm. Plus l’épaisseur est importante plus le cheval et le veau fatigueront rapidement.
Une ou deux entrées bétail du côté des parcs pour bovins et une entrée cavaliers du côté opposé sont à prévoir. Le côté bétail est à opacifier et les quatre coins sont à arrondir.
Un local comportant une alimentation électrique sera à implanter. Il devra être suffisamment grand pour pouvoir installer le juge et son staff, une sonorisation et un possible chronomètre électronique, le tout étant à l’abri d’éventuelles intempéries. Si possible le prévoir amovible en fonction des différentes disciplines envisagées.
Parcs pour le bétail
Accolés à la carrière pour faciliter les mouvements des différents lots pendant la compétition, ils seront dotés de paille et d’abreuvoirs. Les lots étant de 30 bêtes, il est d’usage de prévoir des parcs d’environ 9×9 m avec des couloirs de transfert d’environ 3 m de large. Dans votre calcul de besoin en bétail, prévoyez également 10% de bêtes qui ne seront utilisées qu’en cas de besoin (bêtes fatiguées ou autre cas déterminé par le juge). Ces bêtes seront parquées à part.
Un couloir de contention sera installé à l’intérieur de la zone de parcage du bétail de sorte qu’il soit possible de mettre et enlever les colliers aux bêtes en toute sécurité.
Pendant la période estivale, si les parcs ne sont pas abrités, prévoir la possibilité d’arroser le bétail par forte chaleur. Un système d’arrosage de la carrière est également préconisé pour éviter une trop grande dispersion de la poussière.
Matériel
Un tracteur ou un quad sera nécessaire pour la réfection du sol de la carrière.
Une sonorisation est obligatoire. Elle sera suffisamment puissante pour que les cavaliers puissent entendre le numéro de la bête qu’on leur aura attribué. Un micro sera mis à la disposition du juge et un lecteur de CD peut être installé pour permettre la diffusion d’une musique d’ambiance.
Main d’œuvre
Les besoins de qualifications diverses sont importants.
Un secrétaire est indispensable. Il devra pouvoir prendre les engagements de dernière minute, enregistrer les données lors du passage des compétiteurs, calculer les résultats, seconder le juge principal et éventuellement participer à la préparation de la remise des prix.
Avec ou sans chronomètre électronique (c’est-à-dire avec cellule photo-électrique pour l’enclenchement automatique du départ), vous aurez besoin d’un assistant positionné à la hauteur de la ligne de séparation des zones. Dans le premier cas, il contrôlera le nombre de bêtes passées dans la zone PEN et la brutalité envers le bétail, dans le second, il devra en plus actionner un drapeau lors du passage du premier cavalier pour permettre au juge et son staff de démarrer le temps.
Deux personnes en charge du bétail, veilleront à l’alimentation et à l’abreuvement du bétail et effectueront les changements de lots lors de la compétition
Un dorman fera l’appel des équipes en fonction de la liste de passage et sera responsable de l’entrée des cavaliers dans la carrière.
Un juge principal sans qui le concours ne peut avoir lieu sera la référence et l’autorité en ce qui concerne le règlement et tout ce qui en découle. Sa compétence ne doit pas être mise en cause.
Du personnel en conséquence sera indispensable en fonction des besoins pour la manutention des barrières et autres pens, la buvette et tâches annexes.
Déroulement
En Europe, les compétitions se déroulent sur deux manches en totalisant les bêtes entrées et le temps réalisé. Dans certains cas, des finales peuvent être organisées. En fonction du nombre de cavaliers inscrits et des épreuves additionnelles, vous aurez à organiser le concours sur un ou deux jours. Dans tous les cas, prévoyez suffisamment de temps pour la récupération des bêtes et des chevaux.
Un briefing avant le début de la compétition doit être tenu dans la carrière. Après avoir souhaité la bienvenue d’usage, vous informerez les cavaliers du planning de la manifestation et leur donnerez tous les renseignements s’y afférant. Le juge pourra également rappeler les quelques points du règlement qui lui paraissent particulièrement importants.
Entre les deux manches, procédez si besoin au calcul des résultats provisoires, établissez la liste de passage de la deuxième manche et son affichage.
A la fin de la compétition, procédez au calcul des résultats définitifs et des classements qui en découlent. La remise des prix doit se faire relativement vite, les cavaliers viennent parfois d’assez loin. N’oubliez pas de remercier vos sponsors et surtout vos bénévoles, c’est le seul salaire qu’ils auront.
Un dernier conseil, il est peut être préférable de commencer par l’organisation d’un petit concours d’entraînement qui vous permettra de contrôler le bon fonctionnement de vos installations, fidéliser vos cavaliers et vous former pour des manifestations plus importantes.
L’organisation d’un concours prend beaucoup de temps et d’énergie. En conséquence, il est important de bien le préparer en prenant un maximum d’informations et le moment venu, de vous faire aider en utilisant la compétence de ceux qui en ont déjà l’expérience.
Avant de nous retrouver en 2013 sur une carrière de TP en tant qu’organisateur ou participant, permettez-moi de vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d’année.
Le cahier des charges AFET pour l’organisation d’un concours est disponible sur demande à : courrier@afet-western.com