Discipline TEAM PENNING (3) Bétail – Equipement
Pour faire suite au numéro précédent et avant d’aborder d’autres sujets tout aussi intéressants, il me semble indispensable de revenir sur le paragraphe concernant le cheval de team penning.
Depuis maintenant 10 ans que l’AFET existe, nous avons pu noter une évolution spectaculaire de la cavalerie utilisée.
Dans les premières années, chacun est venu avec le cheval qu’il utilisait dans sa discipline pratiquée initialement. Pour la plupart issues de la randonnée voire de l’équitation classique, les races étaient hétéroclites et s’étalaient du poney au selle français. Au fur et à mesure que le niveau technique et la motivation des compétiteurs a augmenté, une évolution dans le choix et l’utilisation des races s’est installée.
Les chevaux dits « de bétail » se sont imposés :
> Le cheval sud-américain (criollo ou assimilé) a eu son heure de gloire. Cheval abordable par son prix, il se monte en mors de bride à une main. Il n’est pas nécessaire d’avoir un très haut niveau d’équitation pour le monter et son entretien est d’un coût raisonnable. C’est un bon cheval polyvalent à utiliser pour le travail de ranch ou par des cavaliers débutant le tri de bétail, mais mis à part quelques rares individus, il est maintenant beaucoup moins compétitif que le cheval nord-américain.
> Le cheval camargue est présent sur les concours. Petite taille, dos court, vif et intelligent, ses cavaliers ont su très vite le faire passer du travail à distance des taureaux du delta du Rhône à celui de la vache domestique qui nécessite une certaine promiscuité avec la bête travaillée.
> Le cheval ibérique (PRE, andalou, lusitanien, etc..) a toujours ses «aficionados». Comme le camargue, il est plus à l’aise sur un travail à distance et malgré ses compétences en dressage, sa taille et sa corpulence nuisent à sa réactivité dans le bétail domestique pour réaliser de bons temps.
> Le cheval nord-américain atteint aujourd’hui 95% de la cavalerie de compétition. Les trois races principales, dans l’ordre croissant en nombre d’individus, appaloosa, paint horse et quarter horse, se partagent l’hégémonie avec une nette préférence pour ces derniers. Cela s’explique par le fait qu’à prix et qualité égale, la quantité de QH proposée à la vente est beaucoup plus importante.
Les qualités de ces chevaux sont depuis toujours détaillées et commentées dans les colonnes de notre magazine (hors série NEWESTERN printemps 2012 par exemple), il est donc inutile d’y revenir.
Il est maintenant possible de trouver dans l’hexagone des éleveurs sérieux pouvant offrir des produits très compétitifs à un prix raisonnable.
On ne peut pas parler de team penning sans parler du bétail. J’ai donc fait appel à notre spécialiste en la matière, Laurent Balembois pour vous fournir les éléments d’information sur cet important sujet.
LE BETAIL avec Laurent Balembois
Le team penning est une épreuve de vitesse dans laquelle chevaux, cavaliers et vaches évoluent en ayant chacun sa propre façon d’anticiper les évènements.
Au niveau du bétail, cela implique la nécessité d’utiliser des animaux vifs, endurants et respectueux des chevaux.
Plusieurs critères sont à prendre en compte dans le choix du bétail pour une compétition :
> Le troupeau doit être homogène dans la taille, ceci afin de ne pas avoir de petites bêtes cachées derrière d’autres plus grosses. Le but de la discipline est de montrer la qualité et la dextérité du travail produit par le couple cheval/cavalier et non pas la recherche d’animaux dans un troupeau.
> L’âge est très important. Il faut utiliser des veaux entre 9 et 24 mois maximum. En effet, en dessous de 9 mois, les veaux ne sont pas sevrés et le stress engendré provoque une tétanisation qui fige le veau devant le cheval, rendant le tri impossible. Au dessus de 24 mois, les animaux deviennent trop lourds et ne vont plus courir.
> Les femelles sont à privilégier par rapport aux mâles qui ont tendance à se « rendre » plus vite.
> Les vaches adultes sont absolument à proscrire. Elles sont destinées à la reproduction donc soit gestantes, soit en lactation. Il serait irrespectueux de les faire courir. Il est de même impensable de mettre des couples mères/veaux en compétition.
> Les animaux doivent évidemment être en bon état sanitaire et bien alimentés. Un animal faible ne pourra pas se mouvoir correctement.
Le calcul de la quantité de bêtes à utiliser s’effectue en fonction du nombre d’équipes participantes. Deux lots seront obligatoirement constitués et les parcs de contention devront être suffisamment vastes (9×9 par exemple pour un lot de 30 bêtes) pour permettre aux animaux de se reposer, ruminer et s’abreuver. Aucun bovin n’est capable de courir plusieurs heures consécutivement.
Le règlement stipule que le nombre de bêtes dans un lot doit être compris entre 21 et 45 unités.
Toutes les races de vaches conviennent si l’on respecte les critères précédents, cependant les races allaitantes conviennent mieux que les races laitières. Ces dernières sont notamment sélectionnées pour leur qualité domestique et vont donc très vite ne plus respecter le cheval.
Les races les plus utilisées sont : aubrac, limousine, charolaise, mais on voit aussi des races angus, gasconne ainsi que des croisements qui conviennent très bien.
En Amérique du Sud, les zébus sont utilisés dans les compétitions. Animal fuyant, rapide et résistant, il est spécialement entraîné pour cette discipline.
Les races sauvages ne sont pas utilisées (camargue, bison, etc..).
Le mode d’élevage des animaux utilisés est primordial.
Il faut privilégier les animaux élevés en extérieur qui vont avoir du fond et être capable de se mouvoir correctement assez longtemps.
Les animaux sortant de stabulation vont être moins aptes à courir et par manque de force vont s’arrêter rapidement.
Sans bétail, il n’y a pas de team penning. Ne jamais oublier que la qualité d’un concours est principalement liée à la qualité du bétail utilisé. Il doit donc être respecté.
C’est de la responsabilité du compétiteur de s’engager sur les concours qui respectent ces règles élémentaires du bien être animal.
L’approvisionnement en bétail n’est pas toujours facile.
Du fait de la législation, l’éleveur de bovins ne peut louer ses bêtes qu’à partir du moment où elles restent sur son exploitation.
Dans ce cas, cela implique d’une part que la compétition se déroule sur son exploitation et d’autre part qu’il ait suffisamment de bêtes disponibles (entre 30 et 90 voir plus en fonction des concours) ayant les caractéristiques mentionnées ci-dessus. Dans tous les autres cas, il faut passer par un loueur professionnel (stock contractor) qui se chargera de rassembler et de transporter le nombre de bêtes nécessaires à la compétition.
Pour le Cutting de Lyon en 2011, par exemple, Philippe Gobet a fourni environ mille têtes de bétail. Les tarifs de location sont variables en fonction des régions, des saisons et de la méthode d’approvisionnement. La fourchette de prix est comprise entre 40 et 90€ par tête. L’éleveur louera moins cher que le loueur professionnel car il n’aura entre autre chose pas de charge de transport à payer.
L’EQUIPEMENT avec Philippe Zilber
Enfin, pour clore ce numéro, Philippe Zilber m’a fourni les éléments me permettant de vous parler des équipements appropriés pour exercer cette discipline.
La pratique du team penning nécessite des actions et réactions qui peuvent parfois être imprévisibles : virages serrés, stops brutaux ou roll back inattendus. Pris dans le feu de l’action et la vitesse, il est courant que le « Team penner » soit un peu brusque dans la manière de gérer sa monture avec ses mains et ses jambes.
L’équipement à utiliser doit prendre en compte cette importante considération.
Embouchure : La bouche du cheval est avec ses pieds la partie qui doit faire l’objet de toutes les précautions. Bien que tous les mors soient permis, excepté les mors « twisted» (vrillés), certaines associations comme l’AFET obligent les cavaliers en classe OPEN à monter à une main lorsque le cheval est en mors de bride afin de minimiser les risques de blessure. Il est donc souhaitable et plus prudent pour les cavaliers en général et surtout pour les débutants dans cette discipline d’utiliser une embouchure snaffle bit (mors de filet) à canons larges brisés en une ou deux parties offrant une plus grande maniabilité, cruciale pour les arrêts courts et les virages serrés. Pour un cheval qui a tendance à ouvrir la bouche pour échapper au mors, il est recommandé d’utiliser une muserolle en cuir large ce qui donnera au cavalier plus de contrôle sur le cheval.
Enrênement : L’utilisation de longues rênes ouvertes comme pour le reinning est problématique. Il y a risque de les lâcher ou difficulté et perte de temps pour réajuster pendant le Go. Les rênes fermées sont plus faciles à tenir et à récupérer lors de situations délicates.
Idéalement le cavalier doit être attentif à la position de ses mains, mais dans l’action celles-ci peuvent être trop hautes. Des mains trop hautes amènent le cheval à avoir la tête trop haute, ce qui implique une moindre attention pour un travail efficace.
Les conséquences seront dans ce cas :
> Mauvaise anticipation de l’action du veau
> Dos creusé
> Moins de flexibilité, d’où moins de contrôle pour le cavalier
Il est donc préférable d’utiliser une martingale à anneaux ajustée qui peut aider à contenir les mains trop hautes et aider le cheval à baisser sa tête. Les anneaux doivent arriver à la hauteur de la sous-gorge, trop courte elle fera plier l’encolure du cheval réduisant la flexibilité de son cou et de ses épaules.
Pour bien mesurer, tenez-vous à coté du cheval, placez votre doigt dans un anneau et tirez-le vers le haut. Le bord de l’anneau doit être tout près de la gorge sans néanmoins la toucher.
En mors de filet, certains cavaliers ajustent leurs rênes très courtes et les tiennent près de la tête du cheval pour faciliter la transmission des ordres et ainsi améliorer la réactivité du cheval.
Les étriers : Les étriers doivent être assez courts pour amener les genoux à se plier. Il est préférable d’avoir des étriers trop courts que trop longs cela vous évitera de les perdre et ainsi de perdre l’attention de votre cheval.
Les éperons : Comme pour le mors, l’action peut vous amener à avoir plus de jambes que d’habitude, il est donc recommandé d’avoir des molettes douces. En fonction du cheval et de la longueur de vos jambes, des éperons légèrement incurvés (comme pour le cutting) peuvent permettre un meilleur contact et donc une amélioration de la transmission des ordres.
Les protections :
Les protections des antérieurs doivent avoir un renfort latéral interne pour éviter au cheval de se blesser lors des virages serrés. Pour les postérieurs, il est préférable de mettre des protections avec un protège-boulet (intégré ou séparé) afin d’obtenir une meilleure protection lors des arrêts. Il est également possible d’utiliser des bandes de travail afin de préserver les tendons et les ligaments.
Dans tous les cas, celles-ci doivent être rigoureusement bien ajustées pour une efficacité maximum.
De bonnes protections avant et arrière protégeront le cheval des chocs éventuels.
Le tapis : Il doit assurer une protection maximale du dos tout en absorbant la sueur. Les tapis en feutre épais remplissent correctement cette fonction. Attention à les débarrasser des poils et sueur séchée après chaque utilisation. Les tapis en matière synthétique alvéolée peuvent être également utilisés. Ils sont beaucoup plus faciles d’entretien (lavage et séchage rapide) mais moins épais.
La selle : Toutes les selles western peuvent bien sûr plus ou moins convenir, surtout pour un compétiteur débutant qui ne cherche, dans un premier temps, qu’à améliorer sa technique sans forcément faire un chrono !
Si un investissement est envisagé, des critères spécifiques sont à prendre en considération,
La selle de team penning idéale doit être confortable, adaptée au dos du cheval et d’un poids modéré.
Ses caractéristiques principales sont :
> Un « seat » (siège) profond et souple ainsi qu’un « cantle » (partie arrière de la selle) relevé pour permettre un bon maintien du bassin et une assise confortable.
> Un « horn » (pommeau) court, contrairement au cutting, afin de limiter les risques de blessure lors d’un stop non contrôlé.
> Des « fenders » (étrivières) souples pour un bon contact des jambes.
Un « breast collar » (collier de chasse) et une « back cinch » (sangle arrière) peuvent améliorer la stabilisation de la selle, mais augmentent le poids de l’ensemble.
Enfin, le fin du fin : se munir d’un « compte-vaches ». C’est une petite pièce de cuir comportant dix trous numérotés munis de rivets mobiles permettant de mémoriser les vaches déjà passées dans le lot en cours.
En conclusion, n’oubliez pas qu’un matériel adapté, de bonne qualité et entretenu vous donnera des atouts pour réussir en toute sécurité dans cette discipline.