L’histoire du western en France : Venez écouter Émilie Sureau au Salon du Cheval d’Angers
William Frederik Cody, connu dans le monde entier sous le nom de Buffalo Bill, a été le représentant de commerce de l’Amérique. À la tête de son Wild West Show, ce thuriféraire impénitent a couru la planète pour vanter à grande échelle ses orgueilleux mythes fondateurs et les valeurs morales de l’Oncle Sam. À cette fin, il a glorifié la saga interprétée par les légendes de l’Ouest : Indiens, Cowboys, Cavalerie des États-Unis, Trappeurs, Chercheurs d’or, Pony Express, gendarmes et voleurs (sheriffs et outlaws), etc… Buffalo Bill a donné une image si positive et valorisante de la Conquête de la Frontier qu’il faudra bien du temps pour que le vernis ne craque et révèle les ombres du « tableau ».
En 1889, puis en 1905, Bill sillonna la France avec un spectacle qui transcendait la condition misérable d’un garçon vacher en incarnation du courage, en amour de la liberté et des grands espaces, en mythe universel. Tous les enfants du monde aimèrent, aiment et aimeront le Cowboy. Ce faisant, il planta les graines de la passion du rêve américain dans nombre de jeunes esprits. Les rêves de môme ne meurent jamais. Cette passion est un rêve de môme.
Au cœur des années folles, elle fut portée chez nous par Joe Hamman 1883-1974 (réalisateur de western français en 1906), par le marquis Folco de Baroncelli 1869-1943 (manadier « inventeur » de la Camargue), par Paul Coze 1903-1974 (peintre et écrivain, fasciné par la culture amérindienne). Trois personnages à l’existence époustouflante.
Par la suite, Serge Holtz (sans doute né dans les années 20 ou 30) jouera un rôle déterminant dans la promotion de la way of life western notamment en réanimant le Club Hippique du Lasso fondé par Paul Coze. Il fera ainsi la jonction avec la nouvelle génération de westernophiles qui, après-guerre, reprennent le flambeau dans les fifties et les sixties : Philippe Cart-Tanneur, Marcel Dérumeaux, Mario Luraschi, Robert Mottura, Mick Perret, Paul Pittet… Tout à la fois épris de westerns hollywoodiens et d’histoire mais aussi de chevaux (lors même qu’il n’y avait pas encore d’american horses en France), ils avaient une approche de leur « amour » assez culturelle. Celle-ci a conduit tout ce petit monde à se retrouver, en 1966, à la Vallée des Peaux-Rouges, à Fleurines (60).
En créant l’Association Française du Quarter Horse en 1981, Michel Blanc-Dumont et ceux de sa génération, son frère Dominique, Guy Duponchel, Yonnel Estival, Dominique Genais et tous les autres vont peu à peu développer une approche beaucoup plus réaliste de ce qui se passe encore et toujours dans les ranchs aux USA (le travail du bétail à cheval et la horse industry) et une approche sportive en essayant d’importer dans l’Hexagone l’équitation western, ses techniques, ses disciplines, ses compétitions. Moins de culture, moins de folklore, moins de « cinéma », moins de passion gratuite sans doute mais plus de sport et de loisir.
Il convient donc de distinguer ce qui appartient à l’Histoire avec un grand H et ce qui relève de l’actualité. Donc de ne pas confondre le travail de l’historien et celui du journaliste. Les historiens de demain nous aideront sans doute à faire le tri entre les différents bilans (et perspectives) que les uns et les autres tirent du résultat produit à ce jour (positif ou négatif) par les acteurs du Western en France et ce à la veille du prochain jubilé de la présence du Quarter Horse en France.
D’ores et déjà se pose des questions de BAC philo… Peut-on jamais convertir une passion marginale en une raison grégaire ??? Le gain de la passion n’est-il pas la perte de la raison ? Ou doit-on perdre sa vie à la gagner ? Peut-on faire figurer ensemble, sur un bilan comptable, la générosité insouciante de la passion et l’esprit d’épicier de la raison ? Vous avez trois heures… Un indice : comme toujours, le bonheur des uns ne fait pas nécessairement celui des autres…
En attendant, réjouissons-nous qu’Emilie Sureau, une véritable historienne, mène une enquête sans précédent pour mettre en lumière L’HISTOIRE de l’univers western en France. Bravo et merci à elle pour ce travail d’utilité publique.
Elle est le samedi 12 novembre 2022 à Angers (49), au Salon du Cheval, et donne (à 17 heures) une conférence sur le fruit de ses recherches. Tous ceux qui s’intéressent à la Passion Western feront leur miel de l’écouter.
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