Ce fut un week-end riche à Aix-la-Chapelle (Aachen – Allemagne) ! En performances, émotions, poésie et enseignements, et tout ceci sous le signe de la pluie…

La patience est une vertu

Le plateau des 14 mustangs présents à la finale cette année (les 28 et 29 août) s’est révélé relativement coriace. Beaucoup d’entraîneurs ont dû faire face à l’esprit sauvage de leur mustang puis redoubler d’efforts pour tisser un lien fort en 120 jours seulement. Pour Lea Jell, « la patience et aller au rythme du cheval » furent les clefs de sa relation avec Soulcatcher. Le défi majeur du Français Ludovic Fournet (spécialiste du « développement éthique du cheval ») cette année était sans conteste de susciter de la motivation chez Shaman, « un des chevaux les plus intelligents qu’il [lui] ait été donné de travailler ». L’une des leçons, enseignées par son mustang Yoda, que retiendra Antonia Path est qu’ « ils (les chevaux) n’ont pas besoin de nous (les hommes) ». C’est pour cette raison que chacun de ces entraîneurs s’accordera à dire que les chevaux en général, les mustangs en particulier exigent du temps et énormément de rigueur envers soi-même.
Cinq des mustangs n’ont été présentés qu’à pied dans les trois épreuves (dressage, trail et freestyle). La pluie, presque sempiternelle, et le public, bien que soumis à une jauge sanitaire, ont créé une ambiance assez déstabilisante pour nombre de chevaux, mustangs ou non. D’autant que la situation sanitaire n’a sans doute pas permis de préparer au mieux les chevaux à se produire devant une grande assemblée. C’est toutefois un très joli spectacle qui nous a été offert. Trois chevaux ont notamment montré leurs aptitudes en corde à sauter !

Les enchères montent

A l’issue de la compétition, la vente aux enchères fut animée par le charismatique commissaire-priseur Volker Raulf qui a fait grimper les mises jusqu’à 32 000€. Cette vente qui marque à chaque fois la fin du week-end, mais surtout de l’aventure, a généré des pincements au cœur pour les entraîneurs amenés à dire au revoir à leur partenaire mais aussi beaucoup de larmes de joie ou de déception chez les enchérisseurs.

Un podium français et polonais

Parmi les quatre nations représentées, l’Allemagne, la Belgique, la France, la Pologne, ce sont ces deux dernières qui se sont emparé du podium. La troisième place est revenue à Gilliane Senn, notre seconde représentante installée en Saône-et-Loire (71), et son Smaran, qualifié de « méconnaissable » par les organisateurs tant son état et sa forme physiques se sont métamorphosés. Lors du freestyle, Smaran a battu son record de « sauts à la corde » pour le plus grand bonheur de Gilliane très émue par la générosité de ce  « super cheval ». Le cowboy polonais Andrzej Makacewicz et Free Spirit obtiennent la deuxième place. Déjà classés deuxièmes pour le dressage et le trail, ils ont confirmés leur performance grâce à un freestyle tout droit sorti d’un film de John Wayne. Sur la mélodie de My Riffle, My Pony and Me, Free Spirit a prouvé qu’il ferait un parfait cheval de shérif et que les bandits, le bétail (gonflable) et les tirs de pistolet ne l’impressionnaient guère.
Et les champions 2021 incontestables sont Ludovic Fournet et Shaman ! Leurs démonstrations de sérénité et de connexion homme/cheval leur ont permis de remporter chacun des trois challenges. Resté stoïque face au son de la corne de brume, Shaman a ensuite fait transparaître l’harmonie qui l’unit à Ludovic avec des figures montées, en cordelette, et à pied, en toute liberté.

Bilan de ce cinquième millésime

Outre la météo peu clémente, le Mustang Makeover Germany (MMG) 2021 est une réussite ! Même si certains mustangs, tout juste retirés de l’état sauvage à leur arrivée en Europe, s’avèrent plus difficiles à amadouer que d’autres, cet évènement est un exemple d’œcuménisme et de bienveillance. Ici, importe moins la performance sportive que l’écoute et l’adaptation au cheval. Ouverture d’esprit et partage résonnent entre les entraîneurs, concurrents d’hier et d’aujourd’hui. C’est ainsi que l’on peut voir des cavaliers de dressage s’essayer au pole bending et des cowboys piaffer en selle d’ibériques. Le MMG se place aux confluences des techniques et pratiques équestres aux profits du bien-être des chevaux et de la relation homme ou femme / cheval. Alors longue vie au Mustang Makeover Germany et à l’année prochaine !