Caen (14) JEM – Reining – Finale bonheur
Fantastique ! La Individual Final Reining aux Jeux Equestre Mondiaux 2014 a offert à un public enthousiaste un sport-spectacle exceptionnel. Les meilleurs reiners du monde leur ont déroulé des pattern (numéro 10) d’anthologie. Et Shawn Flarida, une nouvelle fois, nous a donné à admirer un reining de rêve.
Cerise sur le gâteau, un Français – Romuald Poard – était parvenu, au terme de deux bonnes prestations payées 213 et 216,5, à intégrer le clan très fermé des finalistes. Vous imaginez sans peine que le public français a supporté « Romu » avec force encouragements. C’est lui qui ouvrait le bal, samedi 30 août 2014, à l’heure prévue, avec un run bien maîtrisé, estimé 217,5 par les juges. A l’heure du bilan sportif de l’événement (il commence à se dessiner), on rangera bien sûr les trois « chevauchées » de Romuald (l’outsider) avec Peppys Ruf Sailor au chapitre satisfactions.
Ensuite le Canadien Cody Sapegia a conclu crescendo sa semaine normande de belle manière : 213,5 / 219 / 223,5.
Il convient de noter sur ses tablettes que les deux Brésiliens finalistes (Paulo Koury Neto et Gilson Vieira Deniz Filho) ont chacun obtenu 220 pts. Ce pays, qui aime l’équitation western à sa mode a terminé, rappelons-le, septième de la compétition par équipe (comme en 2010). Sans doute faudra-t-il désormais le compter au nombre des nations majeures dans nos pronostics.
Dans la seconde série, le cavalier Allemand Grischa Ludwig exprimait tout son talent et plaçait la barre très haut : 226 pts. Prevosti, Fonck, Kronsteiner, Baeck, Larson, Poels se briseront sur cet écueil. Il occupera la tête du classement jusqu’à ce que les trois derniers Américains entrent en lices…. Mandy McCutcheon tout d’abord qui le coiffait d’un point (227), puis Andrea Fappani de trois (229). Au sortir de son pattern, Andrea exulte. Pensait-il que ce serait suffisant ?
Que nenni ! Shawn Flarida, qui avait scoré 229,5 dans l’épreuve par équipe, est allé flirter avec la perfection pour décrocher… 233,5 pts. Qualifiez le sorcier de Sprigfield comme vous voulez : génial, puissant, inspiré, invincible… N’importe, comme partout ou il s’aligne depuis une quinzaine d’années, l’homme à la chemise verte s’est installé sur la plus haute marche du podium. Indépendamment de ses nombreux succès dans les plus grandes épreuves NRHA ou AQHA, Shawn était déjà en or à Jerez de la Frontera (WEG 2002) et à Lexington (WEG 2010). Quel palmarès ! On n’est pas 5 million dollar rider par hasard.
Le public du Parc des Expositions de Caen n’a pas cessé de crier, hurler, encourager, applaudir, s’enthousiasmer. Preuve est donc faite que le reining à tout pour plaire, même dans un pays a priori culturellement et historiquement dévolu à la version classique de l’équitation. C’est sans doute un des enseignements les plus positifs de cette semaine.
Plus globalement, si on ne sait pas encore quelles incidences produira concrètement la médiatisation dont vient de bénéficier la discipline, on peut penser que l’univers western a engrangé un capital de sympathie et d’intérêt qui pourrait se traduire dans les ranchs par un afflux de retombées économiques positives pour la filière. A suivre.
Reste le bilan sportif. De prime abord, face à la contre performance d’un compatriote, on a davantage tendance à compatir qu’à blâmer. Personne n’aime à tirer sur les ambulances. Cependant, une fois stupeur et déception digérée, il est naturel de chercher à comprendre les causes. Pourquoi est-ce trois Français se sont retrouvés dans les profondeurs du classement à porter des lanternes rouges ? On pourrait – facilement – passer tout cela par profits et pertes ; se consoler en mettant en exergue les points positifs (il y en a : en 2010 la France était 13ème, en 2014 elle est 10ème, la remarquable constance d’Anne-Sophie, l’épopée de Romu, la promotion…) ; faire preuve de philosophie et promettre que l’on fera mieux la prochaine fois. Pourquoi pas ! Sauf que les résultats des sportifs conditionnent toujours peu ou prou le business qui y est associé. Voilà pourquoi, en coulisse, des professionnels très critiques sont à l’œuvre. Non pas à l’adresse de leurs collègues mais à celle de ceux qui coachent l’équipe… A suivre…
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